Le Solomon R. Guggenheim Museum de New York, le Centre Pompidou et la Tate Modern de Londres ont coproduit une exposition monographique des sculptures de David Smith, sculpteur américain qui fût l'un des premiers à utiliser la soudure et des matériaux industriels, à l'occasion du centenaire de sa naissance.
Une partie des oeuvres sélectionnées, les plus représentatives, se trouvent actuellement présentées à Paris. Conçue d'une manière originale, l'exposition parisienne présente certes les oeuvres selon un parcours chronologique mais en une seule salle avec une scénographie en axes linéaires.
Les allées permettent de visionner l'ensemble des oeuvres tout en suivant leur évolution, des oeuvres de petites dimensions aux combinaisons monumentales, de revenir sur ses pas, de traverser pour aller en voir une qui attire plus précisément le regard, ce qui sied particulièrement tant aux œuvres qui utilisent beaucoup le vide que celles destinées à être exposées à l'extérieur.
David Smith, l'homme, est une force de la nature, entre la rudesse abrupte d'un ouvrier de force (il travaillât dans une usine de montage automobile et fût soudeur sur les tanks et les locomotives) et la placidité terrienne d'un gentleman farmer fumant le cigare. Et il a créé des oeuvres d'une grâce, d'une spatialité, d'une puissance et d'un symbolisme remarquables.
La sculpture picturale
Revendiquant le dessin dans l'espace et l'utilisation du vide sur lesquels avait travaillé le sculpteur espagnol Julio Gonzalez, David Smith ne s'exprime pas uniquement dans l'espace. Il dessine sur papier avant de réaliser ses sculptures et ces dessins, dont quelques uns sont exposés, constituent de véritables œuvres achevées.
Travaillant quasiment uniquement à partir de matériaux de récupération, ses premières oeuvres se caractérisent par un imaginaire et une créativité impressionnants.
Il explore tous les registres pour donner corps à ses rêves : des œuvres figuratives inspirées par la nature ("The forest", 'Star cage").
Il détourne également les formes imposées par les matériaux de récupération qu'il utilise notamment avec les monolettres ("17h's") ou des morceaux d'outils ("The cathedral") qui sont intégrées dans des compositions symbolistes.
On peut également déceler une inspiration surréaliste ("Reliquary house").
Les séries verticales
A partir des années 50, David Smith se penche sur une véritable réflexion esthétique qu'il décline oeuvres réalisées en série
avec la série Agricola élaborée à partir d'anciens outils agricoles, réflexion sur l'articulation de la ligne,
la série Tanktotem, conçue à partir d'éléments de chaudière, pour une exploration de ce qu'il appelle "le mystère du concave et du convexe"
et la série Voltri, à base d'outils et de morceaux d'acier de récupération pour la couleur rouille. Tendant à l'expressionisme abstrait, ces sculptures conservent parfois un aspect figuratif.
Pour ses dernières oeuvres, David Smith découvre l'acier inoxydable poli.
Cela l'amène à concevoir des combinaisons syncrétiques cubistes, la série Cubi, d'un grand dépouillement, qui contraste avec le foisonnement symboliste de ces premières oeuvres, destinées à être exposées à l'extérieur telles de multiples miroirs dans lesquels la nature, à laquelle Smith était si attaché, puisse se refléter.
Sculptures dressées vers les cieux,
David Smith a fait du métal sa chose et son moyen d'expression. Il est mort en 1965 dans un accident automobile. |