Comédie de Jean Dell et Gérard Sibleyras, mise en scène par Jean-Luc Moreau avec
Jean-Luc Porraz, Guilhem Pellegrin, Christiane Bopp et Guillaume Bouchède.
Jean Dell et Gérard Sibleyras ne sont pas des inconnus. Depuis quelques années, ils ont uni leur plume pour le meilleur théâtral tel que "Un petit jeu conséquence", quintuplement moliérisé, et "Une heure et demie de retard" qui ont connu un bien beau succès.
Après les comédies de moeurs douce-amère, ils changent de registre pour une comédie satirique et loufoque. Leur dernière pièce à quatre mains, "Vive Bouchon !", est un petit bijou d'humour qui épingle les gabegies des élus municipaux, fustige la fièvre réglementariste européenne, brocarde les autonomismes polyphoniques et renouvelle le genre avec une impertinence et une intelligence rafraîchissantes. Bouchon, petit village situé au trou du cul de la France, sans débouché économique ni attrait touristique, est sur la pente fatale du dépérissement. Mais il a un atout majeur, son maire, ardent bouchonnais à l'imagination fertile et au bagout de bonimenteur qui rêve d'une destinée glorieuse pour sa mère patrie. Aussi a-t-il réussi à endiguer la chute en obtenant des subsides et des subventions de l'Union européenne aussi bien pour la construction d'un stade olympique que pour la création d'une bananeraie.
Sa dernière idée, une sortie d'autoroute sur l'axe Mourmansk-Barcelone, attire néanmoins l'attention des sages luxembourgeois qui dépêche sur les lieux un fonctionnaire zélé qui a tôt fait d'éventer l'escroquerie. Jean-Luc Moreau signe une mise en scène parfaitement adaptée qui maîtrise son penchant naturel pour le rythme nerveux, voire vibrionnant, en l'associant avec une sobriété nécessaire au délire des situations ubuesques.
Et les quatre comédiens sont épatants ! Entouré de Christiane Bopp, une secrétaire allumée hilarante et de Guillaume Bouchède en frère soumis déconcertant, Jean-Luc Porraz, magnifique, incarne un maire plus vrai que nature dans son délire obsessionnel de hisser sa commune au rang de nation face à Guilhem Pellegrin, impérial, pince sans rire décapant.
C'est féroce mais terriblement juste et toujours drôle ! |