Avec "Ouest", François Vallejo part de nouveau à l'exploration d'un monde révolu, celui du 19ème siècle, avatar de son roman "Le voyage des grands hommes" qui plongeait dans le 18ème siècle à partir d'un manuscrit retrouvé rédigé par un valet nommé Lambert.
Ici, une vieille photo découverte par hasard - quand il y a trop de hasard celui-ci existe-t-il encore ? - représentant un garde chasse nommé également Lambert entraîne le lecteur dans un sombre château normand au début d'une nouvelle époque, celle de la révolution industrielle. La fin d'une époque celle des hobereaux de province, le début d'une autre avec la prolétarisation et l'émigration urbaine.
Lambert, un fort gaillard et son double janusien, le jeune M. de l'Aubépine, de constitution chétive en proie à des pulsions exacerbées, sont deux anti-héros passifs, écrasés par la fatalité de leur destin, leur hérédité et de l'implacable déterminisme du milieu dans lequel ils vivent. Tous deux sont travaillés par la menace de la folie et l'instinct de mort qui augurent des changements à venir. Dès les premières pages, leur sort est indissolublement lié. Le lecteur est invité à suivre cette danse de mort qui s'étendra sur plus de dix années.
Avec "Ouest", François Vallejo livre un vrai roman naturaliste. Au sein de cette terre de l'Ouest, car ce roman est aussi l'histoire d'une terre, celle qui enfante des hommes si différents et imprime à jamais son empreinte, il peint des tranches de vie sanglantes face à ces paysages somptueux assombris par une nature indifférente aux misères de l'homme.
Sorte de dissolution du littéraire dans le réel, ce roman à plusieurs voix, mélange de dialogues et de pensées intérieures qui caractérise le style singulier de François Vallejo, atteint cette transparence qui fait que les images saisissantes le traversent. |