Parce qu'écrabouillée dans sa voiture par le train qui transportait le dalaï lama, Madame Constance Angeloso, née Krawczymek, soixante cinq ans, sans domicile connu, est "touchée par le petit doigt de l'histoire".
Sa mort, une mort anonyme qui relèverait du banal fait divers de la rubrique dite "des chiens écrasés" (sic), accède directement à la une des journaux et la rappelle, malgré elle, aux souvenirs, bons ou mauvais, de ceux qui l'ont connu.
Angelino, le fils cynique, Monsieur Coquemar, l'amoureux transi et Danuta, la fille de cœur, se souviennent. De ce qu'ils ont vécu à ses côtés même si comme le disait l'antienne de Madame Angeloso "On ne voit pas ce qu'on voit".
A travers trois portraits croisés, François Vallejo propose au lecteur de partir à la recherche du temps perdu pour procéder à la reconstitution d'un puzzle, celui d'une vie, celle d'une patronne haute en couleurs d'un hôtel peu ordinaire, et à la révélation de son mystère.
Sorte de mère universelle pour ses clients, à défaut de l'être pour son propre fils, Madame Angeloso transforme imperceptiblement mais profondément leur vie, un peu comme l'aile du papillon, jusqu'au jour où elle rompt de manière drastique les amarres prenant littéralement la fuite.
Les voix s'élèvent à contretemps et François Vallejo, d'une plume féconde, émouvante et burlesque, à la fois jubilatoire et dramatique, poursuit l'exploration des "événements qui unissent et séparent les petites personnes".
"Ca doit être ça, la vraie vie, les petits trucs qui t'ont échappé."
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