Le rock 70’ blues bien gras est-il mort ? Peut-on encore jouer à plus de 120 dB ? La magie des Black Crows est-elle éteinte ? Le rock Irlandais est-il le futur ?
A quoi The Answer donne-t-il la réponse, ceci est une bonne question. Rise, le premier album de la bande à Cormac Neeson, sans faire tomber à la renverse le pilier de bar enfumé, donne à l’oreille de bien jolies mélodies à siroter seul au comptoir. L’origine Irlandaise sans doute.
The Answer, donc. Comme une alternative au rock anglais, une dissidence, dans cette ère sous Libertines où trois accords et des traces de piqûres dans l’avant bras font de l’homme une star. Si l’on tenait Rory Gallagher pour idole suprême, on se tenterait même à dire que The Answer en assure bien dignement la descendance, filiation des influences, passion pour le blues rock sans démarcation….
La tentation de descendre tout nouveau groupe puisant ses ressources dans l’ancien testament musical s’efface devant les compositions de The Answer, qui peu à peu gagnent le cerveau et ses synapses enblusées. Un rock pompier, incandescent, revenant à l’âge d’or de Led Zeppelin et les Allman’s brothers.
Furieux de rage, dansant comme pas deux, rempli jusqu’à la gueule de "Communication Breakdown," vomissant avec fierté le riff, comme cette intro rageuse sur "Under the sky". Un retour aux solos, putain, et le je-m’en-foutisme des paroles, comme un simple subterfuge. Une excuse pour chanter sa passion pour Ian Gillian de Deep Purple, les envolées de "Free" et "All right now", naïveté du boogie salace. Peut-être une simple excuse pour voir les groupies de très près.
The Answer affiche son rock comme d’autres leurs écussons Stones sur la veste en jean. Avec fierté et innocence. Quitte à dériver sur la soul ("Be what you want") et son orgue efficace. Où, tant qu’à faire, lâcher un blues ternaire du meilleur cru ("Memphis water"), impressionnant de maîtrise et de simplicité, avec l’enchaînement classique DO-FA-SOL de Muddy Waters et Jimmy Page. Cormac Neeson, en dépit de sa jeunesse, possède sans aucun doute une voix taillée pour le blues et des références à n’en plus finir à Robert Plant période Physical graffiti.
Rise flirte gentiment avec le métal, le blues, le rock et la soul, en y mettant la langue comme de bon aloi. Pour un résultat se tenant sur la longueur (le surprenant "Into the gutter"), idéal pour les réveils difficiles. Idéal tout court peut-être, pour celui qui estime que Jimmy Page n’a aujourd’hui plus rien à dire et encore moins à jouer.
The Answer doit-il être écouté ? La réponse est oui, bien évidemment. Cigarette au bec et poupées au bras. |