Après un mini album, Gadjo Décalé, sorti en 2003, Anis revient avec un album complet, La chance. Impossible d’échapper aux chansons du Parisien, soutenu (à juste titre) par une radio et une chaîne de télévision publiques.
Avouons-le, il est plus agréable d’entendre Anis qu’un pauvre tube de l’été dont la seule postérité est d’être intégré aux questions d’un jeu débile ou à la playlist d’une compilation rétro. Mais, bon là, on s’écarte un peu du sujet.
Fort d’un parcours atypique (petits boulots, diverses expériences musicales en groupe, musique dans le métro, …), Anis nous livre un disque à son image : métissé, ouvert, drôle et baroudeur… Oscillant entre le phrasé rap (il aurait souhaité être MC) et ragga, la chanson, le blues et le jazz manouche, les quinze titres sont très plaisants à l’écoute.
Le passage de l’autoproduction à la signature sur une major, n’a, semble-t-il, pas contraint le bonhomme à des concessions. La chance est certes mieux produit que son petit frère (normal me direz-vous !) mais l’esprit reste le même, avec une pincée de maturité en plus. D’ailleurs, deux chansons présentes sur Gadjo Décalé ("Reggablues" et "Avec le vent") se retrouvent sur le dernier opus.
Les textes sont très largement autobiographiques, parfois décalés, souvent drôles. Ainsi, l’excellent "Mon métro" retrace la carrière souterraine du chanteur, trouvant en quelque sorte son premier public sur les lignes du métro parisien. Le texte est carrément bien foutu et la musicalité des instruments et de la voix bonifie le tout.
Le magnifique "Avec le vent" confirme le talent du jeune auteur-compositeur-interprète. Dans un phrasé à mi chemin entre le rap et le ragga, Anis n’hésite pas à placer ses références, déclarant vouloir "faire de la gratte comme Django, Jimmy et Paco" (Reinhardt, Hendrix et Ibanez bien sûr). "Cergy" et "Intégration" font également valoir les qualités d’Anis tant sur la plan de l’écriture que de la composition.
La voix singulière d’Anis associée à son univers musical donne aux compositions une identité propre, évitant le piège de la redite ou du simple copier-coller. Emboîtant le pas du grand frère Sanseverino, Anis nous livre, avec La chance, un album attachant qu’on n’hésitera pas à réécouter. |