Sans Soutine, le peintre, Hitchcock, le cinéaste, et Mme Achille, un agent de surveillance du Centre Pompidou, rien ne serait arrivé.
Et comme souvent dans les romans de François Vallejo, "Groom" commence par un fait divers banal qui prend des allures d’étrangeté en raison d’une simple faille dans le raisonnement.
Véra Carmi, qui ne se pose jamais de questions sur les hommes qui entrent ou sortent de sa vie, voit sa confiance érodée par le fait que son mari nie être le mort ressuscité du Musée d’Art Moderne. Vraie fausse présomption et fausse vraie intrigue qui l’amène à enquêter sur la vie d’un autre et se trouve aspirée par un destin qui n’est peut être pas le sien.
Il distille quelques indices ("On croit aux bouleversements du temps, à l’accélération de l’histoire, alors que rien ne disparaît jamais, toutes les époques s’empilent les unes sur les autres, en strates serrées, déteignent dégoulinent les unes sur les autres, on n’est jamais tranquille avec le passé.") tout en prenant un malin plaisir à brouiller les pistes ("Je n’aime plus notre bonne petite vie et je ne saurai plus lui parler comme si rien de tout cela n’avait existé, alors que, peut-être, rien de tout cela n’avait existé.").
François Vallejo joue avec ses personnages mais aussi avec le lecteur d’une plume alerte et d’un humour à froid qui maintient toujours la ligne de flottaison dans ce qui pourrait partir en vrille et sème quelques considérations bien senties sur ses thèmes récurrents tels l'art, le couple, le temps.
Et c'est toujours un plaisir rare que de partir en voyage avec lui ... |