Comédie dramatique adaptée du roman d'Henry de Montherlant par Rémy Oppert, mise en scène par Jean-Pierre Muller avec Eliezer Mellul, Hervé Colombel, Rémy Oppert, Marie Véronique Raban, Annick Ferreira, Odila Caminos, Pascal Daubias, Gérard Cheylus, Antoinette Guédy, Joshua Rabane et Jean-Gérard Héranger.
"Les célibataires" est le premier roman d'Henri de Montherlant, écrit en 1933 et couronné par le Grand Prix de l'Académie Française.
Ce roman, classique dans son écriture, nous entraîne dans un monde à la Balzac centré sur la peinture des caractères humains, Montherlant disait d'ailleurs "Je connais bien les défauts des hommes. Je les ai étudiés en moi", et plus particulièrement ceux de la petite noblesse déclinante.
Dans un modeste pavillon, deux vieux garçons, au sens premier du terme, de vrais célibataires égoistes et mauvais, cohabitent par nécessité financière. Elie de Coëtquidan, décrit comme un "excentrique", est un maniaque doublé d'un solitaire aigri
qui doté d'une toute petite rente, se laisse vivre, abusant de l'hospitalité de son neveu, Léon de Coanté, contre le versement d'une maigre pension.
Celui-ci, tout aussi solitaire et oisif, ne se complaît que dans son jardin jusqu'au jour où l'argent vient à manquer et où les deux hommes forts de leurs principes ("On ne laisse pas tomber la famille", "Quand il n'aurait plus rien, on serait bien forcé de lui porter secours, on ne laisserait pas un Coantré dans le ruisseau") n'envisagent guère de travailler mais simplement de quémander l'aide de la famille.
Rémy Oppert a réussi une belle adaptation pour le théâtre de ce roman sombre et noir au moralisme ambigu et Jean-Pierre Muller a opté pour une judicieuse mise en scène "cinétique" qui convient à ce texte issu d'un roman qui fut publié sous forme de feuilleton dans la Revue des Deux Mondes.
Eliezer Mellul et Hervé Colombel donnent d'Elie de Coëtquidan et Léon de Coanté des incarnations magnifiques et tragiques
face à LA famille dans toute sa splendeur avec l'intraitable Octave (Rémy Oppert) et
la condescendante tante Emilie (Annick Ferreira).
A leurs côtés, des portrait savoureux de petites gens, comme celui de leur bonne, la brave picarde Mélanie (Marie Véronique Raban) qui veille sur eux, Finance le cabaretier intéressé (Pascal Daubias), la jeune nièce "émancipée" (Odila Caminos) ou le notaire personnage incontournable de l'époque (Gérard Cheylus) complètent cette fresque impitoyable. |