Comédie de Carlo Goldoni, mise en scène par Henri Dalem avec Clémentine Pons, Paméla Ravassard, Karina Testa, Renaud Garnier-Fourniguet, Raphael Grillo, Jean-François Kopf, Laurent Labruyère, Sébastien Libressart et Cyril Manetta.
Voilà un titre bien inhabituellement grave pour la commédia dell’arte chère à Carlo Goldoni qui abandonne les corte de la Sérenissime pour le campo militaire.
Mais la guerre peut être affreusement drôle et autour de la cornélienne fille du gouverneur qui tombe amoureuse d’un jeune homme du camp adverse, les militaires passent leur temps gaiement en buvant, jouant, enrichissant la vivandière prosaïque et le commissaire de guerre et troussant la fille de ce dernier avant de tomber au champ d’honneur.
Les deux amoureux sont sinon caricaturaux du moins anachroniques dans la grande mascarade suicidaire de ceux qui sont transformés en chair à canon, canon qui vient même se substituer au corps du cul de jatte, autour de laquelle rôdent les profiteurs de toutes volées. Mais la farce est de courte durée et tourne au burlesque.
Sur un thème fort, Goldoni a joué à fond la théâtralité pour écrire une comédie drôle et grinçante qui est furieusement moderne et intelligente. La mise en scène d’Henri Dalem participe de cette même démarche avec de jeunes comédiens au diapason, dont de belles personnalités comme celles de Karine Testa et Renaud Granier-Fourniguet, qui entourent Jean-François Kopf particulièrement savoureux.
Il a aussi réalisé un astucieux et hardi mélange des genres, par exemple quant aux costumes ou au jeu des acteurs, qui écarte le côté "guerre en dentelles" pour abonder dans le sens de l'auteur et conserver toute son acuité à son propos. Un tel travail qui repose sur une vision personnelle et singulière de la comédie italienne est particulièrement intéressant et doit être soutenu.
|