Les derniers concerts d’Evan Dando en solo à Paris n’avaient pas vraiment rameuté grand monde… Mais le bel Evan a trouvé la parade comme beaucoup de ses vieux copains des années 90 (Pixies, Wedding Present, Dinosaur Jr).
Rien de tel qu’un bon break de dix années pour ensuite se rappeler soudainement au bon souvenir de fans forcément nostalgiques. Et puis contrairement à certains, Evan ne revient pas de nulle part jouer un best of de vieilleries, car il a un nouvel album sous le bras. D’autant que sur ce nouvel album, le bellâtre ne se fout pas de son monde en ravivant le meilleur de ses années fastes, avec des bombinettes power pop irrésistibles…
Donc on est en droit d’attendre un concert blindé de monde qui s’annonce fort sympathique… Ben en fait non, c’est la super foule et ça m’étonne.
Avant de revenir à la triste prestation du Dando, petite mention à Eugene Kelly, ex Vaselines, qui chauffe la Maroq’ tout seul comme un grand, avec sa six cordes et parfois un harmonica…
Avec sa coupe de militaire, difficile de s’imaginer que ce vieux briscard avait comme fan indécrottable Kurt Cobain… À l’écoute de "Molly’s Lips", "Jesus Don’t Want Me For A sunbeam", certains doivent penser "Y nous fait l’unplugged de Nirvana pépère ?". Ouais, sauf que ces morceaux, c’est lui qui les a composés… Pas du genre à se la pèter "Kurt était un pote"… Non, la grande classe et la simplicité le petit père Eugene….
Son copain de tournée, Evan Dando, devrait en prendre de la graine (niveau humilité…). Monsieur arrive après tout le monde, guitare case à la main, juste avant le concert. Après quelques minutes de feed-back réglementaire ("Et ouais mec, je suis un noisy kid des ninetie" pourrait justifier Dando), c’est parti pour cinquante-neuf minutes (!!!!!!!!!) de marathon . Pas un bonsoir, à peine merci. .
L’ex-minet du rock alternatif semble d’humeur cabocharde. Il colle des baignes à son micro si par malheur un petit larsen se fait entendre (à un moment j’ai l’impression qu’il va aller en coller une au régisseur son…), se planque derrière sa coupe playmobil version mi-longue. Pourtant il est tout mignon Evan avec son joli T-shirt 12 ans avec Rod Stewart dessus (Les eighties c’est cool mec !!!).
Alors quid de ces cinquante-neuf minutes ? Du bon (quand même un peu), avec les meilleurs moments de It’s A Shame About Ray ("Alison’s Starting To Happen", "Rudderless", entre autres) mais aussi des morceaux country rocks soporifiques avec un bassiste plan-plan. Le batteur se croit en répète, frappe comme un sourd quel que soit le tempo… Les nouveaux morceaux sauvent un petit peu cette mini débâcle ("Pittsburgh", imparable), mais globalement, on s’ennuie ferme, au moins autant que Dando qui à l’air aussi pressé qu’un agent DDE qui attend 16 heures pour ramasser les pelles et les râteaux.
Bien sûr les filles ont des paillettes plein les yeux (du calme les filles, Evan est rangé des groupies), et puis en fermant les nôtres (d’yeux) on se croirait en 93. Mais non, on est bien en 2006 au dernier concert de la tournée des Lemonheads, et ce n’est pas joli à voir. Je pense aux pauvres gens qui ont dépensé une vingtaine d’euros pour voir ça. Un scandale.
Même si comme Dorian Gray, le temps ne semble pas atteindre la beauté d’Evan, ce dernier semble avoir fait son temps... En tout cas le futur vieux beau semble ignorer un autre concept d’Oscar Wilde : l’importance d’être constant… |