Cultivant son goût pour les êtres peu ordinaires et les faits du quotidien comme source d’inquiétante étrangeté, avec ces "Pirouettes dans les ténèbres", François Vallejo nous entraîne dans une folle et curieuse sarabande de restauration de meubles.
Côté personnages cela ressemble à un inventaire à la Prévert : un psychiatre ébéniste au petit pied, une jeune russe au pantalon rouge qui détourne l'héritage mobilier et Gibbon, un jeune livreur obsédé par ses longs bras.
L'intrigue, car intrigue il y a : Gibbon, orphelin au passé trouble, au présent agité et au futur incertain, cherche à connaître le contenu d'une lettre de recommandation qui lui paraît détenir un lourd secret le concernant.
François Vallejo se plaît à entremêler tellement les fils de son récit que le lecteur s'y perd un peu mais, même s'il est décontenancé au début, et se pique au jeu. Qu'importe les dédales de l'imaginaire et les contingences de la réalité. Sa plume est alerte et vagabonde, souvent trempée dans un humour noir.
Quand sonne l'heure du dénouement, le lecteur est forcément pris de court. Il ne lui reste plus qu'à reprendre à la première page.
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