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Interview  (Paris)  8 décembre 2006

Aujourd’hui, rencontre avec le groupe Eiffel qui s’apprête à sortir un nouvel album, Tandoori, le 15 janvier 2007.

Le rendez vous est fixé chez Virgin. Arrivés sur place, l’accueil est excellent. Les Eiffel sont en répèts’ ; on patiente 5 minutes et nous allons les retrouver… La porte du studio est ouverte, ils sont en train de répéter "Shalom" en acoustique.

Le groupe sort du studio et vient nous saluer. Finalement, l’interview commence …

Déjà, ça fait plaisir de vous retrouver…

Romain Humeau : Nous aussi ça fait plaisir de te voir, ça fait depuis… si, sur ma tournée, on s’est vu…

Donc il y a eu des changements dans le groupe… On va peut commencer par une petite présentation des nouveaux… Hugo, tu avais déjà suivi Romain sur sa tournée de "L’éternité de l’instant"…

Hugo Ceschoz : Moi, j’ai rencontré Romain sur sa tournée de "L’éternité de l’instant". Et puis, Damien a annoncé son départ à peu près à ce moment là donc ça s’est passé assez naturellement et il y a un an, un an et demi, Romain a commencé à me parler doucement qu’Eiffel allait chercher un bassiste dans un moment et comme ça se passait pas mal …ça c’est fait assez normalement. A la fin de la tournée de "L’éternité de l’instant", on a commencé à répéter les morceaux de "Tandoori" et puis on a enchaîné sur le studio. En fait, ça fait 2 ans qu’on s’quitte pas beaucoup…

Romain Humeau : Pas assez … (rires), c’est ça !?! Non, ça fait un an et demi, que Hugo fait partie d’Eiffel, même si Eiffel n’a rien fait aux yeux des gens. En même temps, ça fait quand même depuis janvier qu’on parle de "Tandoori", que les morceaux tournent…

Tu jouais dans un autre groupe avant ?

Hugo Ceschoz : Je jouais avec le Garage Rigaud, juste avant ça. Un groupe qui existe toujours mais qui a bien du mal à réussir à sortir un disque donc il va être complètement autoproduit et avec un trio jazz qui joue encore et qui s’appelle Emiko Minakuchi

Ok, on va passer à Christophe…

Christophe Gratien : Ben voilà, j’suis arrivé cet été après le départ d’Emiliano.

Comment as-tu rencontré Eiffel ?

Christophe Gratien : En fait, par le biais de Hugo… parce que Hugo, c’est un peu mon p’tit frère. Ca fait dix ans qu’on se connaît, on est originaires de la même région, à savoir Boulogne Sur Mer.

Quand Emiliano a annoncé son départ cet été, après l’enregistrement de l’album, Romain a appelé Hugo pour savoir s’il n’avait pas une solution et Hugo a pensé à moi tout de suite. Hugo m’a appelé et m’a dit " J’te laisse réfléchir" et j’ai réfléchi à peu près …

Estelle Humeau : ...une demi-heure…

Christophe Gratien : 15 secondes peut-être … et encore …et j’ai dit oui tout de suite. Pour l’instant, ensemble, on a fait la pré tournée…

Romain Humeau : ...les 20 dates de répèts’ aussi…

Christophe Gratien : Ca fait déjà un bon 2 mois qu’on est ensemble, qu’on fait de la musique ensemble et je pense que ça se passe plutôt bien !

Romain Humeau : A savoir que le départ d’Emilianio n’était pas du tout prévue au programme, ça s’est fait après l’enregistrement de l’album. Pendant l’album, ça s’est super bien passé, y’ pas eu de blèmes ou de trucs qui pouvaient laisser présager ça donc y’a pas grand chose à dire dessus… d’ailleurs, on n’en sait pas plus que ça sur le départ d’Emiliano. Y’a pas d’animosité ou quoi que se soit. Sauf qu’on aimerait bien pouvoir dire des choses mais ça reste assez …

C’est juste pour dire qu’on s’est retrouvés pendant deux / trois semaines complètement en panique parce qu’on avait pas du tout prévu ça. On avait prévu, pratiquement depuis un an, de tourner avant la sortie de l’album et Emiliano est parti en tournée avec Jeanne Cherhal à ce moment là donc il y avait comme un blème. Et la panique finalement n’a duré que trois semaines, ce qui n’est pas énorme... via l’appel de Hugo à Christophe pour faire partie d’Eiffel…

Par contre, il y avait un truc auquel on tenait, bien sûr Estelle et moi mais Hugo aussi, bien que connaissant Christophe, on tenait à vivre quelque chose avant la sortie de l’album. On n’aurait pas aimé sortir l’album et se dire "Bon, ça y est, on bosse pour la tournée ! ". Autant dire que depuis 2 mois, on a rattrapé tout un truc de jeu et de vie de groupe…Quand Christophe te dit que ça fait deux mois qu’on est sur le steak, c’est vraiment deux mois à burne…vraiment !!!

C’était le but de la tournée…

Romain Humeau : Oui ! La tournée au départ, on devait la faire avec Emiliano (la personne qui avait enregistré le disque et qui jouait dans Eiffel avant) mais là, le truc en plus, c’est que Christophe venant d’arriver, et pour lui et pour nous, il a fallu se connaître un p’tit peu quand même et donc ça a été vachement bien de faire ça dans le speed et tout le temps ensemble (Hugo et Christophe sont venus habiter chez nous)…

Christophe Gratien : Ca a été assez naturel !

Romain Humeau : Et donc là, il y a l’album qui sort mais en fait, y’a pas un groupe à monter, ça y est, le groupe, il est là…

La tournée a servi de mise au point…

Romain Humeau : Voilà, c’est ça !

Et cette pré tournée vous a plu ? Vous êtes impatients de refaire une tournée plus grande ?

Romain Humeau : Ouais !

Estelle Humeau : Carrément !

Romain Humeau : Mieux que ce qu’on pensait, on imaginait pas ça ! C’est p’être par rapport au public, c’était complet partout et bien sûr, musicalement, on a pris notre pied (même dans des conditions pas toujours évidentes). Donc on a pris notre pied et y’avait des gens … c’est cool parce qu’on s’attendait vraiment à devoir regagner quelque chose… Avec Eiffel, j’pense qu’on part au même stade qu’à la fin du "¼ d’heure des ahuris", voir un peu mieux. Ce qui n’était pas du tout prévu au programme !

Quelle était la raison de la pause ? Vous en aviez marre ?

Estelle Humeau : C’est à dire que tous les gens qui travaillent normalement prennent des vacances chaque année. Nous, ça faisait 7 ans qu’on ne s’était pas arrêté, qu’on était à fond.

Vous avez enchaîné direct Oobik (Oobik and the Pucks - le premier groupe d’Estelle et Romain) et Eiffel ?

Romain Humeau : c’est la même chose…le même projet.

Estelle Humeau : Si tu comptes Oobik, ça fait 10 ans qu’on était à fond. Ca faisait un bon moment qu’on enchaînait tournée/album, tournée/album sans jamais s’arrêter et au bout d’un moment, c’est vrai qu’on avait chacun besoin de prendre l’air, de se reposer donc de là, on s’est dit on fait un bon moment de pause et on s’retrouve après. On a bien pris le soin de dire à tout le monde qu’Eiffel ne s’arrêtait pas, qu’on allait reprendre après, que c’était juste une pause !

Et toi, tu as eu d’autres projets musicaux pendant cette pause ?

Estelle Humeau : Moi, j’ai fait de la musique pour moi. J’ai fait quelques trucs en musique ancienne et j’ai surtout eu des projets de … de maçonnerie (rires). J’ai retapé des maisons…

Pour en revenir plus à l’actualité du groupe, vous sortez, en même temps que la tournée, un EP sur Internet. Je voulais savoir pourquoi ne pas le sortir normalement, si c’était votre choix, celui de la maison de disque…

Estelle Humeau : La maison de disque nous a dit vous allez sortir un EP, on leur a dit, c’est génial, on va faire un bel EP avec une p’tite pochette sympa et puis en fait… non, c’est pas possible, ça coûte trop cher, ça sert à rien. Ca se fait quand on démarre mais là, on démarrait pas vraiment donc ça pouvait se faire que sur le net ; c’était ça ou rien donc on a dit oui sans avoir vraiment l’impression que ça servait à quelque chose non plus. Nos fans sont quand même assez attachés à l’objet donc (pour certains) ça leur paraissait bizarre aussi…

Romain Humeau : C’est paradoxal comme situation parce que, on est un groupe qui, pour l’instant, ne fonctionne que grâce aux fans hardcores, il y en a un petit paquet. C’est assez étonnant pour nous. C’est comme ça qu’il y a du monde aux concerts et qu’on vend un peu de disques… pas assez pour cartonner mais par contre, ce qui est sûr est sûr. Etant donné qu’un EP ne s’adresse pas au grand public (vu que le grand public ne nous connaît pas), ça s’adresse aux fans hardcores mais comme ils veulent l’objet matériel ils vont pas aller acheter le 4 titres …

En fait, on s’en branle un peu du EP, c’est un truc que la maison de disque voulait sortir. On s’est dit si ça intéresse des gens…Nous ce qui nous intéresse, c’est le 16 titres qu’on sort le 15 janvier avec un digipack, un livret 16 pages, un mec qui a bossé pendant 3 mois. Le livret va avoir de la gueule, ça raconte vraiment une histoire, ça va être un bel objet. En même temps, le seul moyen qu’on a de lutter contre le prix du disque, qui est très élevé, c’est de mettre plus mais pas pour refourguer de la matière n’importe comment… Non, ces 16 titres, bien sûr, il y en a qu’on préfère mais on n’a pas mis des bouts de bandes … c’est 16 titres importants pour nous qu’on va jouer sur scène.

Donc au final, sur l’album, il y aura les 16 titres ?

Estelle Humeau : On a enregistré 18 titres et on en met 16 sur l’album.

"Effrontée" étant disponible, il restera un inédit à trouver…

Christophe Gratien : Ouais, encore un à trouver ! Faudra trouver une meilleure idée que l’ EP digital. A Pâques, on pourra le cacher dans les jardins … rires…

Romain Humeau : Il est fort probable qu’en avril ou mai, on sorte une autre version de l’album, si on arrive à tout vendre de la 1ère salve. Maintenant, comme le marché du disque a changé, t’es obligé de marcher en opérations en fait, de faire des "mid prices" et par contre, tu peux donner plus à celui qui achète et c’est fort possible qu’en avril-mai, on ressorte le truc en cristal et pas en digipack par contre avec 16 titres, les 2 inédits et un DVD.

Le DVD contiendra des images live …

Romain Humeau : Y’a déjà beaucoup de choses qui ont été tournées : tout ce qui s’est passé au Fiacre, à Chelles et il va y avoir d’autres images filmées par l’équipe qui va faire notre vidéo pour "Ma Part D’ombre" et il y a un concert capté entièrement à Bordeaux avec, j’sais plus combien… dix caméras. Donc on risque d’avoir du matos visuel très vite et on verra… P’être que nous aussi, on va mettre la main à la pâte et faire des vidéos nous-mêmes. Ca peut être bien sur "Gnomes on my back " ou sur " L’opium du peuple", on peut faire des clips nous-mêmes.

Il suffit de se dire : pendant 3 jours, on déconne, on va à la mer ou je sais pas quoi et on tourne le clip de "L’opium du peuple" pour rigoler et c’est le groupe qui fait sa version vidéo clipée.

J’pense qu’il va y avoir tout ça. Y’a un avantage à ce que le disque se casse la gueule (au niveau des ventes, c’est catastrophique… tout s’écroule), c’est que du coup, on peut mettre un peu plus ce qu’on veut sur un disque. Tu vois, même pour "L’éternité de l’instant", l’histoire des 52 minutes, l’histoire du morceau fantôme à la fin, même avec le "¼ d’heure des ahuris" quand on l’a sorti avec 12 titres + 5 titres…

Du coup, ça va être plus facile pour nous comme on a quelques petits trucs à donner qui peuvent intéresser le fan. C’est bien pour nous.

En inédits, il y a "Effrontée" que les gens nnt peut être entendu sur le net et y’a aussi un autre morceau qui s’appelle "St Thomas n°2" qui va être mixé. Il a été enregistré dans les prises de l’album donc avec un gros son, et tout ça… c’est un morceau de rock’n’roll qu’on va jouer aussi sur scène. Peut être qu’il sortira aussi à ce moment là.

Justement, les deux premiers albums ont été enregistrés chez vous, dans une cave, un grenier…

Romain Humeau : …ou alors dans une ferme…

Pour celui ci, vous êtes partis à Bruxelles, à l’ICP…

Romain Humeau : Comme des grands !

Quel en était le but ?

Romain Humeau: Le but, c’était en fait de pas s’emmerder sur l’enregistrement, de demander ça à quelqu’un qui savait vraiment bien le faire, c’est à dire Michel Dierickx en l’occurrence, que moi, j’avais rencontré à l’ICP pour un autre projet cette année et avec qui je suis me suis vachement bien entendu. Hugo a eu l’occasion de le rencontrer aussi. Le studio ICP nous proposait tout ce qu’on ne nous avait pas proposé avant en France… c’est malheureux de dire ça mais c’est un studio beaucoup moins cher, énorme au niveau de ce que ça propose, la culture est très rock…

Ouais, il y a beaucoup de trucs qui sortent en ce moment… y’a eu Renaud, Miossec…

Romain Humeau : On a fait l’album à côté de Renaud. Y’a eu Deus, les Stranglers, les Cure, y’a eu plein de gros trucs donc la culture d’enregistrement est rock… c’est moins cher et on peut dormir là-bas. Ce qui fait que t’as pas besoin comme à Paris à 1h du matin d’appeler un tacos’ parce qu’il y a plus de métro, tu peux travailler jusqu’à six heures du matin. Ca a été une rencontre humaine et un renouement à l’idée de studio. Personne n’avait envie d’aller louer une ferme, d’amener le matos avec un camion, de tout installer, les câbles électriques, de gérer les parasites, le frigo qui fait buzz et qu’on entend dans l’ampli… là, on s’est concentré que sur la musique donc on a fait un album comme tout le monde fait d’habitude, en studio.

Maintenant que l’album est terminé, qu’en pensez-vous?

Romain Humeau : Il n’est terminé que depuis hier…(pour nous, c’est tout compris, pochette et tout…) donc, pour moi, c’est trop tôt …

Estelle Humeau : Pour l’instant, on est contents mais on verra après … à l’usage …

Hugo : on n’a pas encore de recul sur ce disque, il vient juste d’être fini.

Estelle Humeau : Y’a 2 jours, on était là, à vérifier les morceaux, les sons, est ce que ça allait bien…

Hugo Ceschoz : Pour l’instant, on est dans les détails … on n’a pas un truc global du disque pour dire celui là, ça pète… on en est pas trop mécontents quand même…

Romain Humeau : Pour dire les volontés sur l’album, autres que y’a des chansons, y’a pas de chansons, c’était de faire un album hypra nu, de revenir à ce qu’est le groupe, c’est à dire basse, guitare, batterie, voix et on n’a jamais fait d’album comme ça depuis qu’on est signé. Il y a toujours eu des arrangements sur nos albums, beaucoup de mises en son entre guillemets.

Là, on a essayé de faire un album qui était assez nu, le propos était très minimaliste au niveau rythmique donc à chaque fois, on dit White Stripes ou ACDC, dans l’idée d’avoir le minimum rythmique, un riff et la voix devant car comme il y a du texte, faut aussi se faire comprendre en français. Cette fois ci, je pense qu’on peut comprendre beaucoup de textes à l’écoute, même sans les avoir écrits en face. Ca a souvent été la critique sur Eiffel : "Putain, qu’est ce qu’il dit ? "

Justement, en parlant des textes, il y a deux textes en anglais sur le disque alors qu’il n’y en avait jamais eu avec Eiffel (sauf "Dim Sum") …

Romain Humeau : Ouais, c’est co-écrit avec Joe Doherty. En fait, dans la période indé d’Eiffel, j’veux dire quand on était pas encore signé, on avait des titres en anglais. Moi, jusqu’à la fin d’"Abricotine", j’écrivais la musique avec des textes en yaourt et au dernier moment, j’mettais des textes en français, d’où la non qualité des textes... Alors je prétends pas que depuis le " ¼ d’heure des ahuris" la qualité soit plus grande… j’pense que c’est un peu plus chiadé quand même au niveau de l’écriture, ça raconte un peu moins n’importe quoi. Pourquoi ? Parce qu’il y avait une sorte de frustration.

Nous, on est vachement inspirés par les groupes anglo saxons et y’a toujours eu ce plaisir de chanter en anglais, t’as envie de te la péter en anglais un petit peu et depuis qu’on est signé, on l’a jamais fait et là, c’est revenu et on s’est dit fuck ! Et même on va ouvrir l’album en anglais pour dire "OK, on est un groupe de rock français mais on se permet cette petite liberté" qui est petite, ça va… y’en a d’autres qui le font … et bien nous aussi ! Ca permet d’autres choses mélodiquement parce qu’on ne chante pas le français comme on chante l’anglais, c’est évident…

Sur "Gnomes on my back", la manière de chanter me fait penser à l’ AS Dragon …

Romain Humeau : OK, moi ça revient plus à ce que j’aime chez les Pixies ou Bowie, de faire un peu plus une voix de nana qui se fait déflorer… un peu de la gorge. Tu peux plus faire ça en anglais. En français, tout de suite, c’est pesant parce qu’il y a du sens tout de suite, ça joue moins sur une imagerie sonore, c’est pas la même chose et on aime les deux.

Le milieu du rock français, s’il existe, est tout petit, tout fermé…et c’était pour dire aussi "Nous, on n’appartient pas un mouvement ou quoi que se soit, ça fait dix ans qu’on existe, on continue notre p’tit truc comme ça".

Il y a des groupes qu’on aime, d’autres moins et en fait, on n’est pas là qu’à défendre la langue française, le verbe et tout ça… y’a un côté presque valeurs et traditions, tu sais, qui est gonflant. Moi, j’adore chanter en français, j’adore Brel, Ferré ou Noir Dés’, j’pense que ça s’entend dans Eiffel mais en même temps, on en a marre qu’on nous parle que des trucs français parce que le mec qu’entend pas ACDC ou Buzzcocks dans ce disque là ou les White Stripes… y’en pas trop ça en français donc c’est une manière de mêler tout ça, qu’il y ait plusieurs cultures mélangées.

Je trouve que le son de l’album est plus énervé qu’avant… c’est dû aux nouveaux, c’est une volonté ?

Christophe Ceschoz : En tout cas, ce n’est pas de ma faute … rires …

Estelle Humeau : Christophe est arrivé après …

Romain Humeau : Moi, j’pense pas qu’il est plus énervé que le " ¼ d’heure"… c’est le son qui met plus en valeur le fait que ça soit énervé.

C’est peut être la manière de chanter, comme sur "Bigger than the biggest" …

Romain Humeau : Y’avait déjà un peu ça dans "Sombre" ou " Ne respire pas", sauf que "Ne respire pas" est dix fois plus produit, plus léché. Cet album là est plus rèche, plus nu donc on entend plus les aspérités, elles sont pas gommées. Dans le "¼ d’heure", elles étaient encore un peu gommées, moins que dans "Abricotine". En tout cas, par rapport à "Abricotine", on est d’accord ! "Tandoori" est plus dans la veine du " ¼ d’heure des ahuris" mais avec une prod plus affirmée, un peu plus " on choisit notre camp ! "

Christophe, puisque tu es arrivé après l’enregistrement de l’album, quelles sont tes impressions sur le disque ? C’est un disque que tu aurais acheté ?

Christophe Ceschoz : En tout cas, personnellement, je l’aime beaucoup. J’ai eu les maquettes pour travailler les titres. C’est la 1ère fois que je découvre un album comme ça, c’est à dire que j’ai travaillé avec les maquettes, j’ai fait les premières répétitions et au bout de trois jours, c’était le mastering à Bordeaux avec Romain.

J’ai donc pu participer, c’était intéressant… J’ai vraiment découvert l’album au mastering et c’était une expérience assez particulière.

Estelle Humeau : T’as aussi participé à l’ordre des chansons dans l’album !

Christophe Ceschoz : Du coup cet album, j’y ai un peu collaboré, sans avoir joué dessus. Tout ça pour dire qu’à partir du moment où je l’ai travaillé, joué et écouté, j’ai appris encore plus à l’apprécier et j’ai envie de le défendre comme si c’était moi qui avais joué dessus. C’est vraiment un bon album de rock français, qui n’a pas à rougir de qui que se soit, entre guillemets, en France, et qui a sa place.

A l’écoute de l’album, je n’ai pas retrouvé les habituels clins d’œil, notamment à Boris Vian …

Romain Humeau : y’en a un ! Là, faut le trouver ! " Entrez sans sonner", s’écrit cent, le chiffre 100 et sonner, s’écrit sonnet, la forme poétique et "100 sonnets", c’est un recueil de poésie de Vian. C’est pas grand chose…J’me demande si y’en a pas d’autre mais c’est pas de la même manière. Dans le 1er album, c’était "Je voudrais pas crever", dans le 2ème, c’était carrément Vian qui chantait et on jouait derrière (" Le plus grand nombre").

Les nouveaux titres ont-ils été écrits spécialement pour Eiffel ? Tu les aurais fait en solo ?

Romain Humeau : Non, j’ai écrit des titres pendant ma tournée et surtout, j’ai tout placé en février 2006 donc ce sont des morceaux très récents. Je ne les connais pas encore bien, j’suis obligé de me concentrer pour m’en souvenir. Je n’ai jamais écrit de chansons en pensant à un projet en particulier. La seule fois où ça m’est arrivé, c’est d’écrire la chanson " Toi" en pensant à Jane Birkin. Je sais très bien que les chansons que j’écris, elles vont pour Eiffel avant tout. Mon projet solo, c’est une parenthèse.

Les participations que tu fais (Kebous, Bashung, Têtes Raides), c’est important pour toi ?

Romain Humeau : Je pense que quand t’es musicien, t’as besoin d’être par monts et par vaux. T’as un projet central et c’est hypra important de faire des choses en parallèle ! Faire des choses pour d’autres gens, c’est toujours des rencontres, ça nourrit 2-3 trucs pour Eiffel. Et inversement, quand tu bosses avec les Têtes Raides, Bashung ou Noir Déz’, Eiffel nourrit ces collaborations là… Quand j’fais les arrangements cordes pour tel ou tel groupe, y’a vachement une part d’Eiffel là dedans aussi !

Là dessus, on vient nous dire qu’il va falloir arrêter… Eiffel a encore d’autres interviews après… on me laisse encore une question …

Alors, pour finir, on va partir sur vos rapports avec le public…C’est assez rare de voir un groupe qui descend de scène et qui va discuter avec le public 10 minutes après… De même, tenir un journal sur internet en postant des messages pour dire où en est le groupe, c’est important pour vous ?

Romain Humeau : Y’a pas mal de groupe qui le font j’pense…

Estelle Humeau : J’ai été voir Debout sur le zinc la semaine dernière et au bout de 10 minutes, ils venaient parler avec les gens aussi, vendre des CDs, ça se passe pour pas mal de groupe.

Romain Humeau : Tous les groupes qui se sont fait par eux-mêmes ont fait ça et nous, on s’est fait par nous même aussi. J’veux dire qu’on n’a pas été tout d’un coup signé sans jamais avoir joué avant. Pour nous, ça paraît évident que de jouer devant des gens et quand on a le temps et qu’on est pas trop nazes, d’y aller.

Estelle Humeau : C’est pas systématique non plus. C’est vrai que des fois, on sort et on a envie de se parler pendant ¾ d’heure, on le fait. On s’oblige pas à aller voir les gens.

Romain Humeau : J’pense qu’on le fera toujours, quoi qu’il arrive pour nous… Si on reste comme ça, c’est évident, on aura toujours le temps. Si demain, imagine, pour je ne sais quelle raison, ça cartonne, les gens diront "S’ils font un gros truc genre Bercy, ils vont pas aller tchatcher avec les gens". Mais il s’avère que… on en parlera en temps voulu mais on fera jamais Bercy. Même si demain ça marche, on fera plutôt dix Elysée Montmartre et avec dix Elysée Montmartre, tu peux aller tchatcher avec les gens. Faut aussi penser qu’il faut créer le terrain pour ça.

Estelle Humeau : C’est vrai qu’on l’a toujours fait, même dans des grands concerts mais en général, les salles ferment pas longtemps après la fin du concert donc c’est forcément limité… en même temps, c’est bien par ce qu’on ne peut pas non plus passer toutes nos nuits à discuter avec les gens sinon, on finit pas la tournée…

Romain Humeau : Cela dit, parler avec les fans, signer les autographes, moi, je ne trouve pas ça du tout ridicule…Par exemple, moi aussi, je demande des autographes à Frank Blake… quand j’étais gamin, j’avais demandé un autographe au chanteur de Tears For Fears. Y’a aussi un autre truc qui s’est créé et qui est fabuleux, c’est qu’on travaille avec l’équipe d’Eiffelnews.

Estelle Humeau : Nous on a pas monté de site Eiffel, c’est un site de fans, avec lesquels on est proches, on discute vachement, on fait des trucs ensemble.

Romain Humeau : C’est vachement important que ça ait créé un truc presque professionnel, donc là, c’est pas la même chose non plus. Tchatcher, au bout d’un moment, ça a amené ce rapport là, hypra sérieux et il se peut même que ça devienne quelque chose d’encore plus sérieux, avec une base de travail, un local, un ordi…

On vient nous dire que l’interview s’arrête là car Eiffel doit aller rejoindre une radio pour une autre interview…

Merci pour cet entretien…

Romain Humeau : Tu n’hésites pas si tu veux qu’on finisse l’interview à la fin d’un concert…Merci à toi, on te laisse, on est dans le contexte, on enchaîne un peu là … mais de toute façon, on s’connait, on s’reverra…

 

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En savoir plus :

Le site officiel de Eiffel

Crédits photos : Fabrice (Plus de photos sur Taste of Indie)


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