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Interview (première partie)  (Paris)  13 décembre 2006

C’est dans un café "trop parisien" comme il l’écrit à l’occasion d’une dédicace improvisée que nous avons rencontré Florent Marchet.

Discret et humble ce jeune auteur compositeur interprète (étiquette qu’il a lui-même du mal à se coller) nous livre avec sincèrité et plaisir les petits secrets de Rio Baril. Ce "roman chanté" très osé dans sa conception est une merveille. Explications.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Florent Marchet, une petite présentation du personnage peut être nécessaire. Une interview réalisée à l’occasion de la sortie de son premier album Gargilesse vous tend les bras sur Froggy’s Delight.

Pour les autres, attaquons directement dans le vif du sujet.

"Rio Baril" est ce que l’on peut appeler un album concept. D’où vient cette idée et que se cache t il derrière tout cela ?

Florent Marchet : L’idée c’est de faire un roman. C’est d’écrire une histoire. Le vrai point de départ c’est aussi une rencontre avec un continent où j’ai découvert un festival qui s’appelle "Les Correspondances de Manosque", un festival littéraire lors duquel j’ai rencontré l’écrivain Arnaud Catherine qui m’a permis de faire une carte blanche là bas et j’ai pu dire des textes littéraires sur scène, parler sur de la musique, et j’ai découvert quelque chose qui ne m’était pas totalement étranger parce que je le faisais parfois à la fin de repas entre amis mais sur scène je ne me serais jamais autorisé ce truc là et en fait cela me plait beaucoup.

Suite à cela, Arnaud Catherine m’a poussé à écrire des textes, même pour moi seulement, en prose comme des nouvelles ou des choses comme cela. C’est vrai que jusqu’à ce moment là je ne m’étais pas autorisé à faire de telles choses non plus. Et c’est ainsi que je me suis retrouvé à écrire, et pas forcément au format chanson et pas forcément dans l’idée d’un album.

J’ai alors senti que je tenais le début d’une histoire, ou en tout cas que je n’avais sûrement pas envie de m’éloigner de cette histoire là. Je me suis aussi rapidement aperçu que j’avais envie de raconter quelque chose sur toute la durée d’un album.
Cette apparente contrainte m’apportait alors, finalement, une grande liberté.

Je n’ai pas beaucoup réfléchi, c’est venu comme cela. En tout cas pour moi ce n’est pas un album concept. Le concept appartient au marketing. Moi je me suis laisser un peu surprendre et j’ai suivi mon personnage sans savoir ce qui allait réellement lui arriver. Et je suis presque certain d’avoir écrit la quasi-totalité des chansons dans l’ordre comme un roman. Il y a d’ailleurs cette phrase d’Arnaud Catherine dans son roman Sweet Home où il a un personnage qui est un écrivain et qui disait "Pour écrire il faut 2 secrets dont 1 que l’on ne connaît pas". Moi il y a de cela. La part de moi là dedans je ne la maîtrise pas encore.

Par exemple, bien entendu, je sais que je n’ai pas fait d’hôpital psychiatrique mais la frontière n’est pas toujours aussi claire. C’est clair que se laisser porter par l’écriture d’un personnage a quelque chose de très magique. Ca laisse aussi pas mal de portes ouvertes pour la musique aussi d’avoir des choses parlées, des choses plus ou moins en prose, d’exploser un peu le format chanson. De ne se poser aucune limite finalement, en tout cas plus que sur le premier album sur lequel je n’avais pas totalement lâché les brides, ou j’étais peut être un petit peu plus sage.

Là c’est quand l’album a été terminé de mixer que j’ai "découvert" que ça allait être commercialisé et c’était assez drôle même si… L’écriture pour moi c’est toujours quelque chose un peu en souffrance, on a tous pris énormément de plaisir sur cet album. Il n’y a eu aucun conflit, aucun problème. Ce qui est quand même rare.

J’ai travaillé presque 6 mois sur cet album enfermé dans une maison que j’avais loué pour l’occasion à la campagne isolé de tout. Je n’ai ni permis, ni voiture donc, et le premier village était à 5 kilomètres. Alors du coup je faisais les courses pour la semaine et je bossais. Et puis avec Arnaud, avec qui j’ai réalisé l’album, on se voyait régulièrement. Il habitait pas très loin à Bourges et il venait régulièrement.

Et de temps en temps quand quelqu’un passait et selon nos besoin on demandait par exemple "Tu ne connaîtrais pas un trompettiste ?" etc. Alors c’était parfois un prof de trompette de Châteauroux, ainsi de suite et tout cela s’est fait de manière très très simple, conviviale et on a beaucoup beaucoup travaillé. Je n’ai même pas pris un jour de repos, je ne faisais plus que cela. Et même Arnaud Catherine qui a participé à certains textes s’est déplacé car moi je ne venais plus du tout à Paris.

Les collaborations musicales de "Rio Baril" sont donc essentiellement faîtes par des gens de votre région ?

Florent Marchet : Oui ! D’abord parce que c’est beaucoup plus simple que des musiciens qui viennent juste pour cachetonner et en plus de ça j’ai fait appel à des musiciens, comme par exemple la fanfare de Lignières, qui n’ont jamais enregistré d’album et qui pourtant en ont parfaitement le niveau. Et comme j’écrivais toutes les parties, les arrangements, il fallait les interpréter et ces gens là sont de très bons interprètes et en plus qui faisaient cela avec un enthousiasme incroyable, qui arrivaient avec des bouteilles ! C’était vraiment bien. Après les enregistrements on mangeait tous ensemble… J’aime ça, le côté un peu froid des studios ne me plait pas et là du coup avec Eric Arnaud, on avait vraiment bien ciblé ce qu’il nous fallait.

On avait une idée très précise du son qu’il nous fallait. Des choses très boisées, très brutes, très proches des instruments notamment. D’autre part, il n’y a aucun effet sur la voix. Je raconte une histoire sur le disque donc je voulais qu’on la prenne comme telle, sans artifice. On a enregistré des parties dans une chambre… d’ailleurs mon lit était directement installé dans la partie studio de la maison. J’étais imprégné vraiment de l’album tout le temps. Mis à part les cordes qui ont été enregistrées pour la partie philharmonique à Sofia. Le quatuor lui a été enregistré à la maison.

Pour revenir aux textes, tu disais avoir écrit les chansons dans l’ordre comme un roman. Mais est ce que tu t’es retrouvé avec un roman dans lequel tu as découpé ensuite des parties pour en faire des chansons ou bien les textes ont-ils directement été écrits sous la forme présente sur l’album ?

Florent Marchet : Non en fait j’ai écrit comme un roman mais au format chanson. Quand je dis comme un roman, c’est parce que pour Rio Baril qui est la première chanson que j’ai écrite (à part l’instrumental "Le Belvédère") j’avais le décor, je voyais bien l’ensemble mais je ne savais pas encore ce qui allait se passer. J’ai écrit presque en même temps également "Sous les draps" et "La chance de ta vie". Ces 3 chansons sont donc arrivées et après il y a eu "Ce garçon" et c’est venu petit à petit.

Et puis la jonction entre "Rio Baril" et "Sous les draps" c’est "Il fait beau". Je me souviens du moment ou j’ai écrit ça, c’était un soir j’étais en train de prendre des notes, j’étais dans le Berry, dans le jardin et j’ai écrit cela presque d’un trait et puis par la suite j’ai travaillé la musique par-dessus. Souvent je commence à écrire une chanson en prose pour vraiment exprimer ce que je voulais dire et ensuite je regardais si ca pouvait tenir dans un format chanson. Si ça supportait ou pas. Il se trouve que Il fait beau il fallait que ce soit comme elle est. Sans refrain ni rien. Pour d’autres c’est moins évident.

Toujours pour rester sur cette idée de prose et de roman, est ce que l’on peu imaginer un véritable roman tiré de "Rio Baril" ? Ou encore des projets différents qui pourraient devenir des romans de Florent Marchet ?

Florent Marchet : Tout est histoire d’autorisations en fait. Je n’ai plus besoin désormais de l’autorisation parental mais je ne savais pas qu’il y avait des autorisations divines, des choses qui se passent dans le cerveau. Et c’est à cause de cela que j’ai mis très longtemps avant de faire le premier album parce que je ne m’autorisais pas cela. Je ne me sentais pas légitime à faire ce métier et me prétendre auteur-compositeur.

Aujourd’hui, je ne pense pas être interprète mais je pense que je peux dire des choses en chansons. Ca a été très long ce travail que j’ai dû faire sur moi pour m’autoriser à ce que cela devienne un métier. Après, j’aimerai beaucoup pouvoir écrire un roman mais a l’heure actuelle je ne sais pas si j’en suis capable même si c’est quelque chose qui me parle énormément. C’est un autre boulot, ca veut dire que l’on doit passer 7 mois de sa vie à ne faire que ça. Ce qui veux dire que c’est autant d’autres choses que l’on ne pourra pas faire …

Mais la conception de "Rio Baril" a été longue aussi …

Florent Marchet : Oui mais j’étais certain que je pouvais aboutir et que je n’allais pas jeter l’album. D’ailleurs je crois que je n’aurais pas eu le droit. Ne serait ce que vis-à-vis de ma maison de disque. Au pire si le disque est très mauvais ilsz ne le sortent pas et point barre. Mais là pour le coup je savais vraiment que j’allais aller jusqu’au bout.

Si j’écris un roman je ne suis pas sûr que à un moment donné je ne vais pas me dire que je n’en suis pas capable et même si j’écris 100 ou 150 pages rien ne me dit que je ne vais pas tout jeter. D’un autre côté je pense qu’il faudrait que je fasse vite parce que je ne voudrais pas être publié parce que j’ai un passé de chanteur ou de compositeur. Mais avant cela, ce qui me plairait beaucoup ce serait d’écrire pour une musique de film.

On peut d’ailleurs faire le parallèle entre "Rio Bari"l et un film, notamment avec sa musique d’intro à la façon d’Ennio Morricone.

Florent Marchet : J’aime beaucoup Ennio Morricone. J’aime le côté orchestral, l’idée des hautes plaines… Dans mon décor il y un peu de cela, à la fois un côté très provincial qui est un décor un peu chabrolien et en même temps quand on a fait les photos on s’est posé la question de savoir comment c’est "Rio Baril". C’est pas dans le Berry déjà … La pochette avec ces silos représente un peu tout cela, on peu penser à Bagdad café, un endroit perdu… même si la photo a été prise à Lignières d’ailleurs … (rires).

Donc "Rio Baril" n’existe pas, n’est pas inspiré de …

Florent Marchet : Non non, c’est la somme de plein de petites villes que j’ai pu connaître, fréquenter. Ce qui m’a beaucoup marqué aussi ce sont les villes du sud de la France. Je trouve qu’elles se ressemblent toutes. La même supérette, à chaque fois etc… Je me suis vraiment nourri de tout ce qui me rendait mélancolique. N’importe quel terrain de foot, de tennis en province me rend mélancolique. Alors que à Paris, pas du tout. Je ne sais pas pourquoi d’ailleurs. Ce sont des lieux désuets, presque inutiles, tristes et qui sont bien plus propices aux histoires que si je passe à la porte de Montreuil et que je regarde les terrains de foot. Ca ne me parle pas, ça ne me touche pas, ça ne m’évoque rien. Si tu vois un terrain de foot dans un petit village, le soir à 6 heures, quand il y a personne, tu navigues, tu t’inventes des histoires.

Tu parlais justement d’un univers un peu chabrolien, on est en plein dedans là …

Florent Marchet : Chabrol m’a beaucoup marqué en effet. Il y a cet effet de loupe dans les petits villages qui est intéressant. Et puis cette impossibilité de l’anonymat. Par exemple à Paris parfois je dois aller chercher un truc à l’épicerie et j’ai pas envie de faire d’effort, je descend a moitié en pyjama (et même si je descendais en peignoir) et tout le monde s’en fout. A Lignières, c’est pas possible. J’y réfléchirai à deux fois avant de sortir avec une tête de fou, coiffé n’importe comment (rires). Et puis pendant longtemps j’ai été très timide et très pudique et j’ai un truc que j’ai aussi, cette volonté de ne pas déranger, de ne pas gêner, tout en retenue. Et ce qui m’a toujours fasciné ce sont ces gens qui arrivaient à transgresser ces règles. Parfois pour le pire aussi …

A suivre la semaine prochaine …

 

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En savoir plus :
Le site officiel de Florent Marchet
Le Soundcloud de Florent Marchet
Le Myspace de Florent Marchet
Le Facebook de Florent Marchet

Crédits photos : Thomy Keat (Plus de photos sur Taste of Indie)


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