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Soulagez vous dans les urnes  (Universal)  novembre 2006

J'aurais tellement pu pouvoir dire du mal ! J'avais tout prévu dans ma tête : "Pour une fois que Universal nous envoie un album, ils doivent nous filer ce putain de Trust. De là à dire qu'ils ressortent tous les vieux Punk des placards, Métal Urbain, La Souris Déglinguée, et là Trust... vive l'année des morts vivants".

Oui je voulais dire quelque chose comme cela. En fait je ne voulais même pas écouter l'album. J'avais déjà tout dans la tête, un article qui avait l'ambiance de la rue Oberkampf un dimanche matin. Un truc qui vous aurait foutu le moral à zéro.

Puis j'ai mis le CD dans mon MacBook, j'ai pris mon casque. Et puis des gens qui crient, Bernie Bonvoisin qui voudrait balancer un slam : "Oui madame/ nous tournons des milliers de pas qui ne mènent nulle part/ dans un monde de béton aux barreaux fleuris/ fleurix de désespoir". Quel fou rire. La basse rentre et lui continue, cette poésie sur la prison. Mais quelque chose m’est tombé sur la gueule, un truc que j'attendais pas.

L'entrer de riff du bien nommé Nono. Vous imaginez, Nono de Trust, plus plouc comme nom tu meurs. On peut pas dire que ce groupe soit tés sexy, ils ont des noms à travailler dans une boucherie chevaline. Il balance le riff, très bas, très panthère qui rentre dans le sous bois. Et une mini explosion, Bernie Bonvoisin se met à chanter... je suis emmerdé, ça m'évoque des choses, surtout du plaisir. Puis le refrain avec les gros power cord sur une mesure, la redescente à la Nono, tout pète, le break de batterie, les paroles. Ca claque, ça à la classe. Un vrai slogan de revendication, même le titre de l'album me semble moins con. "Fleury Mérogis, un jour de septembre 76, ou je n'existe si peu que je n'étais même pas personne (sic)" Sic mais quand même, tout ça a une vraie signification. Nous sommes dans la vraie France de la deuxième partie des années 70.

Nous sommes avec les vrais kids, ceux qui materont les enfants du rock un peu plus tard, nous sommes sur la rive gauche du pays Normand, dans les HLM, des gauchos paumés, des gens qui n'ont pas le fantasme du dandysme, la finesse des choses, ils ont juste de vraies convictions. C'est un putain de choc cette chanson, le Mitard.

Tout me semblent ultra caricatural, mais tellement fort. Les thèmes sont franchement basiques : la prison, les putes, la lutte, le "on est malheureux"... la musique... c'est du Heavy anglais, le look des gars j'en parle même pas.

De la beauferie tellement moche, on imagine tout le background de ce live. Les vieux bien gros qui boivent des 1664 dans des gobelets en plastique avec un hot dog vendu par des tenanciers arabes. Et tout le public avec des vestes en jean sans manche, et des patches. On visualise tout le contraire du mot classe. Et pourtant, c'est la musique la plus classe du monde. Un gros Trust. La basse flingue, la voix sonne juste, à sa place, les breaks de batterie découpent un tempo qui tombe toujours juste... et la guitare vous prend par la main, vous donne toute la lecture des morceaux. C'est elle qui vous fait comprendre ce que veulent dire les paroles, à quel moment il faut bouger des cheveux, à quel moment il se sont vraiment pétés le cul dans la composition.

Et j'avais vu Bernie Bonvoisin et Nono à l'émission Culture Club sur France 4. Il y avait chez eux quelque chose de tragique. J'ai crié quand j'ai vu Bonvoisin : "Mon Dieu, il a un look à être contrôleur à la SNCF". Et Nono, tout le monde sait qu'il a la tronche d'un guitariste qui shredd a mort, comme Patrick Rondat. Mais c'est l'un des musiciens qui a été les plus influents en France. Combien de gamins ont acheté une guitare électrique à cause de lui. Voilà l'histoire qu'il faut raconter. Jean Pierre Montal, le chanteur de Temper/Grand Hotel me racontait une fois... comme il aime le dire, il a vraiment grandi dans les année 80 ce qui détermine le fait suivant.

Jean Pierre Montal est à Pigalle, il va essayer une guitare. On imagine l'un de ces gros magasins, ou truc très pointu du genre, Custom Shop. Il essaye cette guitare, certainement un truc un peu vintage, une télécaster Thin-Line ou une Gibson Firebird. Il doit jouer un truc pop, une suite d'accords qui se dérive vers des 7éme. Et là il entend le plus gros solo de shredd qu'il ait entendu depuis "Surf with the alien", un truc en tempo 170. Il se retourne, grosse masse de cheveux noirs, une guitare fender avec les micros hot-rail, c'est Nono. "Excusez moi, vous êtes Nono de Trust", "Ouep", Je vous adorais quand j'étais gamin", "Merci".

Dans cette histoire il y a un truc qui devrait calmer toutes les ardeurs des censés puristes. J-P Montal, qui est le dandy de la place de Clichy, qui a connu le BEST avec les deux frères Eudeline, qui aime Lou Reed a être allé faire la queue pour se faire signer des Sally Can Dance. Ce mec a aimé Trust de tout son coeur, il a commencer par ça. Et je suis sûr qu'il donne plus de crédit àce groupe qu’à beaucoup de suceurs de queue du Band.

Trust est un vrai groupe, un groupe de rock prolétaire comme il faudrait le dire. Un groupe qui en a dans les tripes, qui a dû tout faire monter en haut, faire péter la baraque. Les Kids marquaient TRUST au feutre noir sur leur sac à dos pour aller au collège. A cette âge là on aime pas les choses à demi mesure. Trust a ce crédit là. Et dans leur dernier album, ils ne se sont pas foutus de la gueule de leur public. Ils ont gardé cette même intégrité. Même chez Universal ! C'est un groupe fait pour les mineurs héros de Zola (ou les gamins de la rive gauche de Rouen).

Parce que la musique est en pic, que les riff sont ceux d'une jeunesse pressée, de la batterie qui s'emballe, la rapidité, des mauvaises bières sur les grands boulevards, oh oui, les jean, les doc marteen's... et l'ennui en fond. "On aimerait bien changer le monde, mais on ne sait déjà pas quoi faire pour le week end prochain".

Et j'aurais aimé me moquer de Trust, sur les nouveaux morceaux en studio. "Sarkoland", le titre opportuniste par excellence. Mais je peux même pas. C'est parfait, ce n'est pas surfait, il m'ont démis. On ne tombe pas dans le cliché, il n'y pas trop de flangers sur la guitare, les beat sont bons, même les quelques scratchs passent.

Merde, c'est bien embêtant, c'est parfait. Ils nous ont tous baisé, leur maison de disque en premier. Alors c'est un album bien recommandable. Messieurs, achetez-le à vos fils si vous voulez leur faire découvrir vos frissons d'enfance. Car c'est exactement ça : un frisson de gamin.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album I don't trust you de No Money Kids
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En savoir plus :

Le site officiel de Trust


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