"La mélatonine, appelée aussi hormone du sommeil, est l'hormone centrale des rythmes biologiques, et d'un certain point de vue l'ensemble des sécrétions hormonales". Dans le cas de Mélatonine, le groupe, il en est tout autrement. Tout commence par le néant, puis les poumons se remplissent d’air, l’homme atteint son équilibre. Et finalement tout se régule, en osmose complète, autour de la mélodie du larsen.
Sur ce troisième album du trio de Metz, tout commence par la fin du monde, objectivement un arpège de guitare sur, qui monte en langueur, dans la grande tradition du post-rock qui se conçoit comme un film d’horreur. Soit un monstre qui avance silencieusement sur le lino qui grince, avant de surprendre sa victime dans son sommeil.
A ce petit jeu, Décembre est un samedi est un musical-killer qui embaume dans ses mélodies bruitistes, avant d’assommer avec un "Lons" d’anthologie marquant le retour des guitares post-rock qui ont un sens. Une direction. Le Tortoise de la période TNT semble avoir été absorbé, digéré, recraché à la face d’un monde qui ne le mérite pas. Car ici l’instrumental est reine, peu ou pas de paroles, simplement le trio guitare/basse/batterie jouant sur les non-dits qui carbure à la m éthadone.
Décembre est un samedi marque l’équilibre entre l’urgence et la tranquillité. Urgence d’un "Hurkst" qui fait mal, comme une bande-son d’un film de gangsters dans la lignée des Michael Mann.
Puis repos du cœur qui bat au ralenti sur "Cette fois encore", où la guitare frottée devient inconsciemment la voix lead du projet. Ou comment tuer la voix sans proposer l’ennui. Melatonine introduit 2007 avec l’un des meilleurs albums de post-rock, aux cotés de Apse, trio mystique américain.
Puis l’ensemble vire carrément à gauche toute, s’emballe sur "Le décompte" et ses tempos à la limite du swing jazz, entrecoupé de guitares qui coupent comme le cutter. Et le tout dans un format pop (3.21) qui fait du bien là où d’autres tentent le marathon autour d’un même motif musical.
De la pop justement avec "Rock prog’s" qui va chercher les guitares de Franz Ferdinand pour les tordre. Les malaxer dans l’acide corrosif sur six minutes apocalyptiques. Jusqu’à tenter l’expérimental électronique en mariant les sonorités, tenant le delay par le bout des cordes sur Les artères du dimanche. Y ajoutant les bruits, les fracas de vaisselles qui cassent sur le sol.
Seul un groupe de province est capable de tenter l’improvisation en forme de BO. Et réussir même, à faire rêver l’auditeur sans se soucier de la marque de sa veste en cuir.
Si décembre est un samedi, souhaitons à Melatonine que 2007 soit une voyage en première classe. Vers une reconnaissance encore plus large sur l’autobahn du succès.
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