A l'occasion de la sortie de leur dernier album "Star
is just a sun", Ulf Rogde s'est fait le porte parole
de The White Birch pour répondre à notre interview.
Votre trio s’avère un groupe solide depuis 1996. En 1997 vous
avez gagné le concours de rock alternatif ZOOM en Norvège et vous
étiez également nominé dans la catégorie du meilleur
live aux awards du indie-rock club norvégien. Etait –ce un époque
heureuse ? Ce succès vous a-t-il fait acquérir de l’expérience?
A cette époque, nous étions totalement inconnus pour
la scène musicale norvégienne, aussi est-il certain que ce succès
a dépassé toutes nos attentes. Nous étions ambitieux et
cette reconnaissance n'a pas été vraiment inattentdue bien que
les succès se soient enchaînés très rapidement.
Notre expérience s’est enrichie rapidement du fait de
nos nombreuses prestations. Deux ans après, nous avons sorti deux LPs
et un EP, une vidéo et de nombreux concerts riches d'enseignement. Bien
sûr, . Of course, that way we lost out on experience any real difficulties
- but those came later on.
Ensuite, vous n’avez plus produit d’albums jusqu’en
2002. Pourquoi une si longue absence ? Etait ce une traversée du désert
ou une pause nécessaire pour évoluer, créer de nouvelles
mélodies ?
Après l'album "People Now Human Beings" ont suivi
deux indispensables années de traversée du désert, une
traversée qui a commencé par nous éloigner de la forêt
familière qu'était la musique que nous connaissions et qui nous
a conduit à l'oasis de "Love Is So Real", une chanson qui a
surgi au bout de quelques pas mais qui nous a conforté sur l'espoir de
trouver quelque chose derrière les vastes étendues de sable.
Nous avions amassé beaucoup de nouveaux matériaux qui
se sont tous avérés des mirages ("Fata Morganas"). Heureusement,
nous nous en sommes rendus compte et , nous ne nous sommes pas attardés
dans ces lieux douillets propices à l'attente de la mort. Nous fûmes
récompensés quand, fin 2000, surgit Beauty King et quand nous
trouvâmes un nouvel univers de mélodies et d'atmosphères
dont nous avions rêvé sans jamais les imaginer.
Pendant deux ans, le groupe s’est enfermé dans un studio
d'enregistrement. Quelles étaient vos exigences? La gestation du dernier
album fut-elle douloureuse ?
La gestation est toujours pénible, je pense. Ce le fut pour
nous. Nous avons traversé des périodes de d'espoirs incertains
et de doutes croissants, Frode a quitté le groupe. Une trsite séparation
mais je pense qu'il en est heureux et le groupe est globalement satisfait des
directions suivies depuis. Il crée des musiques pour les films, un domaine
fantastique à explorer et en réalité guère éloigné
du travail de The White Birch.
Nous aimerions faire de la musique pour des images s'il s'agit d'images
adéquates à notre univers. De son côté, Ola a toujours
composé de la musique pour des films de court métrage ou pour
le théatre et certaines personnes ont qualifié notre nouveau style
de musique de "filmatic". Je devine pourquoi et cela provient sans
doute du morceau intitulé Donau Movies.
Très souvent, les revues et aussi les fans trouvent dans votre
musique des références avec d’autres groupes tels que Kings
of Convenience, Sigur Ros (peut être en raison de l’identité
d’origine scandinave), Labradford, Dakota Suite , et la voix d'Ola Flottum
rappellerait celle de Perry Blake, Jay Jay Johanson ou Coldplay. Que pensez-vous
de ces comparaisons? Quelles sont vos sources musicales?
Je n'apprécie pas les gens qui nient les similitudes avec d'autres
groupes, aussi je n'essaie pas de le faire. Nous étions en 1999, à
l'aube du troisième millénaire etc., nous avons fait Love Is So
Real et nous expérimentions une musique dans laquelle la quiétude
pourrait receler de l'intensité, de la profondeur, du "downplayed".
Miles Davis a réussi cela, Arvo Pärt et Swans aussi à leur
manière, mais nous voulions y ajouter de la chaleur et le faire dans
des chansons. Et c'est actuellement un peu agaçant de constater que Kings
of Convenience réalise subitement un tube avec le slogan Silence Is The
New Loud, et que Sigur Rós arrive d'Islande avec un projet similaire.
Certes, les Islandais ont par le passé émigré
de Norvège. Et, il est difficile de ne pas apprécier Aegætis
Byrjun, que j'estime brillant. Cela dit, je ne trouve pas que la tonalité
et le son de leur musique ou de la nôtre soient l'aspect le plus important,
ce sont juste des modes d'expression. Quant aux chansons, aux mélodies,
aux paroles, je pense que celles The White Birch sont très différentes
de celles des groupes précités...même si existent quelques
points communs. Hum, je commence à renier moi aussi les références
.. bon bon .....
Pensez vous qu’il soit important aujourd’hui de travailler dans
le monde du multimédia? Les auteurs et les musiciens doivent-ils travailler
avec des chorégraphes ou des réalisateurs de films ?
Non. Plutôt le contraire. C'est plus facile de faire quelque
chose d'intéréssant et de nouveau en combinant les différents
moyens d'expression. Intéressant et nouveau ne sont pas nécessairement
les meilleurs ingrédients pour créer de la bonne musique. Cela
peut éblouir les gens mais quand l'aspect strictement novateur a disparu,
il n'en reste rien.
La mélange des images, de la musique et des mots ne doit intervenir
que sous le couvert de l'absolue nécéssité et s'il existe
une profonde conviction que la symbiose est indispensable et plus efficiente
que chacun des médias seuls. Nous nous y sommes essayés mais ce
n'était pas convaincant, pas assez bon, pas assez nécessaire,
nous allons plutôt nous concentrer sur l'essentiel.
Quelle genre de musique aimez-vous?
Nous avons des goûts différents comme souvent dans les
groupes. Ola apprécie des choses aussi différentes que Fela Kuti,
Kraftwerk et Arvo Pärt, Hans Christian mélange Bad Brains avec Stina
Nordenstam, et pour ma part, John Coltrane et d'autres choses de Mahler à
Duran Duran.
Sur la pochette de votre album vous n’utilisez pas les termes musique
et paroles mais mélodies et mots. Pourquoi ?
Nous participons tous à l'élaboration de notre musique,
chacun fournit sa collaboration et trie le bon grain de l'ivraie - pour être
compatible avec notre manière de travailler comme dans un laboratoire
: la composition et l'arrangement interviennent simultanément et résulte
d'un travail collectif avec Ola comme coordinateur.
Le coeur de composition, ce travail pour établir les thèmes
mélodiques centraux (incluant les harmonies de base) incombe à
Ola, tâche dans laquelle il excelle.
Ola et moi travaillont sur le texte. Le texte est pensé comme
une partie intégrante du morceau tout autant que la musique et ce qui
l'entoure (le son, l'atmosphere du morceau, la pochette et les flms que l'on
utilise). On n'imagine pas le texte comme pouvant exister par lui même,
comme par exemple pour un recueil de poêmes.Les mots et les sons forment
les parties indissociables du tout et les mélodies constituent le noyau.
Comment expliquez vous le succès des groupes scandinaves qui trustent
le domaine de la musique dite atmosphérique, mélodique et introspective?
Peut être l'impact des grands espaces, de l'isolement, des colères
avortées et des frustrations éprouvées dans l'ambiance
des petites villes. Peut être un rapport aussi avec le climat –
nous passons une grande partie de l'année à l’intérieur
de nos maisons - qui crée une atmosphère propice à la création
artistique. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la deco d'intérieur
a un tel succès dans les pays scandinaves chez les classes moyennes (IKEA
etc.). Peut être l'influence de la nature nous incline vers la mélancolie
et l'introspection. Ou simplement peut être s'agit-il d'un créneau
vacant? Il est sans doute plus aisé de répondre à cette
question pour les non-scandinaves.
Pourquoi avoir intégrer le label Glitterghouse? Pensez-vous et
espérez-vous que ce contrat peut vous permettre d’avoir une plus
grande audience en Europe? Peut-on espérer vous voir à Paris bientôt?
Franchement oui, nous voulons accroître notre audience . En réalité,
nous espérons toucher chaque personne dans tous les coins du monde et
jouer partout. Le label norvégien (dbut records) était la première
étape dans cette direction et pour cet album, il était naturel
de s’orienter vers la scène européenne.
Nous avons envoyé l’album à une douzaine de labels européens
que nous estimions et de ceux qui nous ont répondu, Glitterhouse avait
notre préférence. Après de multiples rencontres avec de
nombreuses personnes impliquées dans leur travail qui forment une famille,
et le plus important, une famille laborieuse, professionnelle et organisée,
nous sommes très heureux de notre choix. Vous ne confiriez-pas votre
enfant à une personne en qui vous n'auriez pas confiance?
Nous aimerions jouer à Paris et dans d'autres villes françaises.
Bien sûr, nous aimons faire les choses dansl'ordre et aussi prendre le
temps de travailler sur de nouveaux morceaux. Aussi espérons nous le
faire bientôt. En juin, nous tournons en Belgique, Hollande, Allemagne
et Autriche, puis nous verrons.
Comment avez-vous choisi le nom de votre dernier album?
L'imade de l'étoile, ou des étoiles, apparaît dans
plusieurs de nos morceaux tel un thème central. Le titre de l’album
revêt une grande importance pour nous car il est investi de pensées
et de mots, quand la ligne directrice surgit. je l'ai trouvé en premier,
mais nous avons également utilisé le titre Star pour un de nos
morceaux et ensuite, je l'ai proposé à Ola qui l'a immédiatement
aimé.
Nous travaillons ensemble de manière très proche avec
les mots, et en fait, les uns ont trouvé les titres pour plusieurs chansons
écrites par les autres. HC trouvait aussi que ce titre allait bien àl'album.
Tout n'était pas totalement figé avant la fin de l'enregistrement
car nous savons l'impact qu'un titre peut avoir sur le déroulement de
notre travail. Nous ne voulions pas prévoir un nom de garçon si
l'enfant s'avérait être une fille...
Pensez-vous que la musique n’est pas qu’un divertissement?
La musique est plus qu’un divertissement mais elle peut également
être un divertissement. Pour ma part, la musique est comme la vie, pas
moins. Si certains aspects de la vie ne sont pas dans la musique,il est nécessaire
de les traquer pour les y inclure. Il en a toujours été ainsi
et ce sera toujours notre démarche.J'aime rire, sourire. Si je ne faisais
que rire et sourire, ma vie serait une plaisanterie, ce qu'elle est peut être,
mais une plaisanterie qui ne me ferait pas vraiment rire.
Certaines de vos chansons de l’album Star is just a sun sont-elles
un hymne à votre pays ?
Aucune de nos chansons n'est un hommage à la Norvège.
Notre musique est un hymne à la vie. Pourquoi les hommages sont-ils le
plus souvent posthumes? Nous aimerions recevoir des hommages de notre vivant.
Nous entendrions de belles choses à notre sujet et nous ne les oublierions
jamais..
Pensez-vous qu'une ligne mélodique identique peut aussi bien exprimer
des thèmes contemplatifs que des sujets plus intimistes?
Oui, pourquoi pas?
Avez vous déjà joué " Star is just a sun "
en concert ? Quel a été l’accueil du public ?
L'acceuil a été excellent lors des lives en Allemagne,
Autriche et Suisse. Je pense que l’écoute était profonde,
beaucoup de spectateurs écoutait vraiment, et quand j'utilise le terme
"écoute" cela signifie que j'ai rarement ressenti cela lors
de concerts en Scandinavie ou en Angleterre. En est-il de même en France?
Si vous ne disposiez que de trois mots pour caractériser votre musique,
quels seraient-ils?
Organique, sincère, nécessaire.
Quels sont vos souhaits?
La fin rapide de l’occupation américaine en Irak, la
paix dans le monde et peut être un nouvel album et de beaux concerts. |