L'association Art Plus s'affiche au Musée de l'Homme avec l'exposition "Femmes héroïques, une mythologie moderne" au Musée de l'Homme qui dresse le bilan de la situation des femmes décliné selon la thématique des super héroïnes.
Cette association regroupe de nombreux artistes venus d’horizons divers pour unir leur force afin d’accéder à une certaine visibilité dans le monde relativement fermé de l’art contemporain.
Rencontre avec Lily Descazeaux, chargée de la communication et des relations avec la presse, qui nous présente l'association et l'exposition.
L'exposition "Femmes héroïques, une mythologie moderne" a été élaborée dans des conditions un peu singulières puisqu'elle est dûe à une association.
Lily Descazeaux : L'association Art Plus a été créée sur l'initiative du directeur artistique commissaire à l'exposition Philippe de Saint Mart Guillet qui a regroupé autour de lui de nombreux artistes, venant de différents univers artistiques, qui étaient isolés, afin de faciliter la réalisation événements comme cette exposition pour leur permettre de faire connaître leur travail. Il a demandé à des proches de former le bureau : Reine Willing, la présidente, travaille dans le marketing, la secrétaire générale, Chrystelle Guerrero, travaille dans la culture et le trésorier, Grégory Mathieu, dans la production.
Cette association a été montée en 2006 avec pour finalité de créer un projet annuel qui cette année a pris la forme d'une exposition mais qui l'année prochaine sera peut être un spectacle de rue, un film… Le but du jeu est de faire connaître des artistes émergents et de leur donner une belle vitrine. Pour l'exposition "Femmes héroïques, une mythologie moderne" nous nous sommes battus pour avoir cette salle au sein du Musée de l'Homme et nous avons été aidés par le Ministère de la Culture dont le Ministre est d'ailleurs venu inaugurer l'exposition. Nous avons également trouvé de partenaires financiers qui nous ont permis de concrétiser ce projet.
L'exposition a donc été complètement produite par l'association ?
Lily Descazeaux : Oui. Tous les artistes ont fait des créations originales selon un thème imposé qui était celui de la femme, avec la métaphore de la super héroïne, et une page blanche qui était le mannequin. Les artistes ont travaillé en commun intervenant chacun dans leur domaine. L'exposition inclut une scénographie, de la musique, des lumières qui ont toutes été élaborées par des artistes de l'association qui sont au nombre de 25 sur cet événement.
L'installation des mannequins est faite dans une sorte de labyrinthe à l'image de celui de la mythologie grecque. La femme est un vaste sujet et donc chaque héroïne résulte d'un parti pris avec lequel on adhère ou pas. La seconde originalité de cette exposition, qui est une première mondiale, tient en sa réplication sur internet sur Second Life ce qui étend la visibilité de cette exposition qui ne dure que 3 semaines au Musée de l'Homme.
Y a-t-il des projets d'exportation de cette exposition ?
Lily Descazeaux : Bien sûr, l'itinérance est à l'ordre du jour mais rien à ce jour n'est encore validé.
Ces créations qui appartiennent à l'association sont-elles destinées à être vendues comme toute oeuvre d'art, ce qui peut dégager des fonds pour financer d'autres projets, ou sont-elles destinées à être conservées pour constituer un fonds documentaire ?
Lily Descazeaux : Effectivement cette alternative se pose d'autant que dès le vernissage des collectionneurs se sont manifestés. Mais rien n'a été décidé à ce jour.
A côté des femmes, il y a des panneaux au graphisme très particulier.
Lily Descazeaux : Oui, ce sont les oeuvres d'Eric Doxat qui est un graphiste qui a illustré les pouvoirs des femmes. Par exemple, "Gonghé", dont le nom signifie "travailler ensemble" en mandarin, représente la femme au travail et Eric était parti de l'idée des héros volants sur la libération des femmes en Asie. Tout est dans la métaphore.
Il n'y a donc pas uniquement une création artistique ais également une véritable réflexion sur la place de la femme dans le monde d'aujourd'hui ?
Lily Descazeaux : Tout à fait. Cela étant il ne s'agit pas d'un discours féministe. "Aferkiw" qui signifie celui qui vit sur la terre d'Afrique parle à la fois de l'excision, des guerres, et du rôle très important de la femme dans les tribus africaines. "Esthética" vise les diktats de mode qui passent par la chirurgie esthétique qui peut conduire à des excès. Certes ces femmes sont stylisées sur des mannequins qui représentent une certaine idée de la beauté physique mais ce choix fait plutôt référence à la statue.
Donc un constat qui a inspiré les artistes doublé d'une petite morale.
Lily Descazeaux : Essentiellement un constat comme "Altera" qui montre l'homosexualité féminine qui est carapaçonnée et musclée mais qui reste une femme à l'intérieur avec ses couleurs roses. Cela constate le défaut de visibilité de l'homosexualité féminine. "Violetta" représente la prostitution pour faire cesser l'hypocrisie qui entoure ce fait. Nancy Coste a par ailleurs photographiées toutes ces femmes in situ dans des univers qui rappellent le quotidien.
Celle ci, "Trilogy" est la création d'un groupement d'artistes…mondial qui représente les femmes dans le rôle de transmission des histoires du passé au présent et au futur d'où la tête multifacettes rappelant les temps, les chaussures en câbles, les fourmis qui rappellent la vie en société. "Mathilda" avec le bouclier d’Anne Benrais symbolise la protection avec une cote de maille. "Zidba" est inspirée par une journaliste irano-canadienne qui a été lynchée pour ses opinions libertaires et son pouvoir est de s'échapper des murs de pierre. Bien sûr tout cela résulte de l'imaginaire des artistes.
Donc rendez-vous l'année prochaine ?
Lily Descazeaux : Nous l'espérons mais chaque projet demande beaucoup de temps, il a fallu 9 mois pour concrétiser cette exposition, et la grosse difficulté consiste à trouver un lieu. |