Jeune fan de Naast, Plasticines, Second Sex et autres Klaxons, passe ton chemin… Chez Do Make Say Think, les Converse et les Jeans slim et les mèches on s’en tape. D’ailleurs, si la mèche est absente, c’est parce que certains perdent leurs cheveux ("Ouha les nazes et les vieux !!!").
Cependant méfie toi, ça pourrait t’arriver et tu seras vieux toi aussi un jour. A l’heure où il faut être inéluctablement jeune beau et glamour et faire danser les filles, les canadiens de Do Make Say Think s’obstinent à faire le contraire en jouant de la musique instrumentale sous forte influence jazz… Tu me diras le jeune "Normal, ils sont vieux"… Ce à quoi je te rétorquerai qu’ils n’ont "que" trente cinq ans. Là encore, on verra quand tu y arriveras…
Donc, peu de chance que Do Make fasse la couv’ du NME, leur musique intéressera plutôt le lecteur du pointu, lettré mais néanmoins branchouille Wire.
Depuis le milieu des années 90, Charles Spearin et Ohad Benchetrit distillent leur post rock mêlant dub, jazz, folk et avant-rock qui bruite… On s’est intéressé de prêt à ce collectif de Toronto suite à deux albums limite trop beaux pour être vrais : &Yet & Yet, et le dernier en date Winter hymn, country hymn, secret hymn…
Trois années de travail plus tard You, You’re A History In Rust passe le braquet supérieur : les Anglais appellent ça "a Seamless Record", que l’on pourrait traduire par "du cousu main". Encore une fois attention, on évolue ici de la champions league du post rock, pas chez les grouillants qui ont vu la lumière en découvrant Tortoise ou Labradford. D’ailleurs Tortoise ferait bien de se mettre au vert chez les Do Make ...
Peu ou pas de temps mort sur les huit titres de You You’re A History In Rust ; les ingrédients restent invariablement les mêmes (ceux pré-cités plus haut) mais les infidélités de Charles Spearin et Ohad Benchetrit chez leurs bons copains de Broken Social Scene leur ont fait un bien fou.
Ils appliquent un peu partout la dynamique rock classique, reposant sur le duo basse batterie, à leurs compositions largement instrumentales, "The Universe !" ou "Executioners Blue" sont de belles cavalcades post-rockeuses épiques parsemées de guitares telluriques, qui passeraient sans soucis pour des inédits du groupe de Brendan Canning. Ailleurs les cuivres aériens de Talk Talk s’encanaillent avec les concassages rythmiques de Jagajazzist ("Bound To Be That Way")… "A Tender History In Rustip" ou "Herstory Of Glory" renouent avec la veine folk du post-rock, évoquant les sous estimés Pullman.
Contrairement à l’allusion à la rouille dans le titre, Do Make Say Think propose une musique fluide, bien huilée ; pas vraiment idéale pour rouler des mécaniques ou frimer, plutôt taillée pour un dimanche pluvieux ou pour un road-movie nocturne imaginaire au volant de sa voiture… De la musique de vieux quoi… |