Le nouveau venu d’Angleterre se nomme Jeremy Warmsley. A à peine 23 ans, il fait sensation outre manche en produisant un album inclassable, sorte d’indie-pop-electronica. Avec son look d’adolescent un peu timide, ce jeune anglais de mère française, n’a que peu de choses en commun avec la production musicale actuelle.
Jeune prodige anglais, Jeremy Warmsley sort un premier album iconoclaste The Art Of Fiction, dont il se fait fort d’être également le producteur.
V éritable OMNI (objet musical non identifié) en ces temps de formatage musical, Jeremy se permet l’outrecuidance de faire un bras d’honneur à son époque. Flamboyance, préciosité, exubérance, le risque de tomber dans le grandiloquent et de finir par brasser de l’air est grand. Cependant, Jeremy Warmsley a beau flirter avec la ligne séparant le "juste assez" du "presque trop", il réussit, tel un équilibriste insouciant, à maintenir l’ensemble debout.
Une fraîcheur de premier album où les barrières ne sont pas encore fixées et une insouciance salutaire lui permettent d’exprimer son inventivité débordante. Et alors que toute une génération d’anglais a grandit au son d’Oasis, couplet/refrain répété à l’envie, le jeune Warmsley a pris des chemins de traverse. Citant au passage Talking Heads, Brian Eno, ou Bjork comme influences, ce garçon ne fait décidément rien comme les autres.
La base reste pop mais une pop déstructurée, recomposée et enfin enrobée. Couches superposées, chœurs, sons bizarres, instruments à cordes ou à vent, la panoplie d’éléments utilisés est large. Pourtant sous cette cascade sonore, cet excès de détails, se cachent cependant des mélodies efficaces.
Malgré les rythmes parfois torturés, les structures difficiles à suivre on apprécie la belle folie qui anime le jeune homme. Et si on a parfois l’impression que ça part dans tous les sens, on ne perd jamais réellement le fil. Entre bricolage sur PC et arrangement symphoniques, Jeremy Warmsley a trouvé son équilibre qui lui procure une identité propre.
Le presque easy-listening (dans l’excellence sens du terme), telle la ritournelle pop "I promise" ou "5 verses", côtoie des chansons plus expérimentales tel "Hush" fait d’ambiances et de sons. Sa marque de fabrique consiste en ces ruptures, ces changements de directions soudains qui peuvent donner un effet décousu aux chansons. Mais Jeremy Warmsley sait aussi faire dans la presque simplicité avec "I knew her face was a lie" joué au piano.
Que ce soit avec des textes à la premières personne ou placé comme observateur extérieur, Jeremy raconte de petites histoires, sortant du schéma habituel couplet/refrain et fait des chroniques de la vie ordinaire.
Jeremy Warmsley se fabrique un style personnel, original et vérifie ce vieil adage qui prétend que la valeur n’attend pas le nombre d’années. La profusion peut dérouter au premier abord, on peut risquer l’indigestion, cela peut paraître parfois décousu, mais le jeune homme réussit son pari de ne pas sonner comme les autres et d’accrocher l’auditeur.
Une maturité étonnante pour son age et un sens de la liberté, lui permettent toutes ses extravagances et lui donnent une place à part dans le l’univers musical actuel. |