Avec Elk City et sa pochette croquignolesque, on pensait une fois de plus sur un groupe de rock traditionnel écossais amateur des mélodies 60’ ayant été bercé par Belle and Sebastian et ce genre de conneries vaguement folk, mi-fuge mi-raison qui font de la musique un mausolée à influence défraichie. Quelle erreur.
Elk city est urbain, comme son nom l’indique. Mais ce que New Believers n’indique pas, c’est que cet album est une œuvre musical.
De fait, on pensait en avoir fini avec la Brit’pop. Et voila que des américains se réapproprient la chose, là où Bernard Butler l’avait arrêté net avec Cryin, ce magnifique single rarement dépassé. Car le destin d’un album se joue souvent sur une simple chanson. Et dans le cas de New Believers, les choses sérieuses commencent sur "Silver Lawyers", ballade suicidaire chantée avec distance, comme du temps de Pulp. La chanson qui donne envie de mourir par déshydratation après 1500 écoutes frénétiques de ce single totalement possédé. Le piano suit sa marche funèbre et la guitare suit le cortège de loin. Bigre…
Elk City n’a donc pas tort. Il y a donc de nouveaux croyants en ville, et "Los Cruzados" qui s’enchaine à "Silver Lawyers", c’est déjà deux bonnes raisons d’acheter un album hautement surprenant. Car ces américains n’ont rien d’américains. Ce sont des américains d’Europe avec la carte de Grande-Bretagne imprimée dans l’hémisphère gauche. On vient de vomir ses tripes sur deux chansons bluffantes, et voila qu’on se prend une énorme gifle sur "White walls". Mais diantre.. D’où sort donc ce groupe pour aligner TROIS tubes à la suite sur un seul album ?
Elk City vient de NY, et dans un sens, n’est donc pas américain. La poupée plastifiée de la pochette regarde l’auditeur toute goguenarde, le toisant de haut, maintenant qu’il a compris que ce album fait l’effet d’une bombe, de celle qui relance la musique. Tout comme Blondie début des 80’. Il y a là assez de richesse pour rembourser la dette du tiers-monde musical. Et le groupe se paye même le luxe de faire son Roxy Music avec ses triades au piano sur "You got me". You got me, Elk City, you got me…
Dans l’urgence, New Believers s’apprêtait à être rangé dans la catégorie des disques bons à passer sur les nationales, et c’est finalement un grand disque de virée nocturne, au volant d’un bolide, lancé à toute vitesse dans la foret fuyante.
|