Avec "Bernard Quentin, l'écriture au coeur de l'art", le Musée de la Poste consacre une exposition quasiment rétrospective de l’œuvre de Bernard Quentin qui, des graffitis de 1947 aux monuments du 3e millénaire, a, comme l'indique le titre synthétique de l'exposition, placé l'écriture au coeur de sa démarche artistique.
Enfant, avec l'écriture, Bernard Quentin découvre la fascination du monde des lettres et avec son père architecte, qui l'emmène sur les chantiers, l'espace et l'environnement. Les dés sont jetés.
Elève de l’Ecole nationale des beaux-arts, peintre, sculpteur, architecte, il fréquente le bouillonnant Saint Germain des Près de l'après guerre et s’inscrit dans le mouvement lettriste.
Ce mouvement d'avant-garde est né en 1945 lors de l'arrivée en France d'Isidore Isou.
Il prône, selon son manifeste le "Bilan lettriste", un "art qui accepte la matière des lettres réduites et devenues simplement elles-mêmes (s'ajoutant ou remplaçant totalement les éléments poétiques et musicaux) et qui les dépasse pour mouler dans leur bloc des œuvres cohérentes".
Depuis, sous toutes les latitudes, peintre, sculpteur et architecte, il n'a cessé d'explorer et d'expérimenter le champ des possibles du caractère graphique des signes de toutes origines.
De l'écriture aux arts majeurs
Pionnier des graffiteurs, Bernard Quentin commence par des sténo-graffiti automatiques puis par des idéogrammes-écritures qu’il va décliner sur tous les supports.
De là à la peinture il n’y a qu’un coup de pinceau. Un pinceau qui aime la couleur comme ce récent "Vive Saint Germain des Près".
Les lettres prennent aussi leur envol en trois dimensions dans des sculptures qui deviennent de plus en plus volumineuses et qui, du "Big Bang" au "Néant" explorent les grandes problématiques existentielles.
Tous les matériaux sont propices à étendre son champ d'investigation.
De la miniature au monumental
Ancien élèvé de l’Ecole des arts décoratifs, Bernard Quentin décline sa passion aux livres, bijoux, objets-poèmes, mobilier et vaisselle.
Et puis, entre peinture et sculpture, il crée, dans la mouvance du spatialisme italien, des oeuvres spatiales pour ouvrir l'espace de représentation vers une nouvelle dimansion et repenser la politique de la ville.
Co-fondateur du groupe "Art +" en 1977 avec Pierre Restany, qui réunit des artistes autour de l’art élargi à l’environnement, il passe aux structures gonflables, aux rues-poèmes, aux totems-écriture érigés en pleine naturedans le cadre du land art.
Enfin, il s'oriente vers l'édification de monuments "anamorphoses" et aux caractères monumentaux dans le désert ("Jardin d'éternité, mirage du désert").
Bernard Quentin a 84 ans et cette exposition retrace plus d'un demi siècle d'art contemporain. |