J'étais assez mitigé concernant Da Silva. Son premier album Décembre en été, sorti il y a deux ans, m'avait littéralement enchanté. Alors, c'est quoi, le problème ?
Sans être rancunier, mes p'tites réticences sont liées à une rencontre qui me laissa un sentiment mitigé. Sûrement pas le bon jour, ni la bonne heure, encore moins le bon endroit... Les concerts de cet été et cette nouvelle galette confirment les promesses entrevues avec le premier disque et me réconcilient définitivement avec le monsieur.
On retrouve d'emblée l'univers musical de Da Silva, fait de guitares acoustiques tranchantes, de touches sensuelles de glockenspiel, de pincées de ukulélés et de mandoline (magnifique Pierre Sangra), d'envolées de violon et de mélodies accrocheuses. Pas de nouveauté alors ? Pas réellement mais le Breton d'adoption transforme le premier essai avec une dose de maturité et de décontraction en plus.
Chaînon manquant entre Miossec et Louise Attaque, Da Silva reprend le flambeau là où le groupe parisien l'avait laissé avant les magnifiques envolées rock de leur dernier album (A plus tard crocodile). Les textes magnifiquement ciselés passent de la morosité météorologique (superbes "L'averse" et "De là-haut" à la rythmique impeccable) à la lucidité politique (le prémonitoire "Le retour du rose"), en faisant un détour par les sentiments amoureux ("Au moment des amours").
Sans bouleverser la chanson française, Da Silva nous propose un très bel album, habillé remarquablement par la réalisation de Renaud Letang et la production de Dominique Ledudal. 12 titres subtils (même si "L'arc-en-ciel" me touche nettement moins), portés par la voix vibrante de son auteur.
Digne héritier de Décembre en été, De beaux jours à venir n'en est pas pour autant une pâle copie. Alternant les rayons de soleil, les ciels de traîne et les averses, Da Silva porte un regard lucide sur le climat actuel. La morosité et la mélancolie laissent toujours entrevoir des éclaircies.
"Dans le retour du rose", Manu a vu le coup venir. "On mise gros sur le retour du rose et pourtant ce sont des bleus que l'on se traîne et c'est un bleu qui s'étend". Comme sur son premier album (avec la chanson "L'éclaircie"), l'artiste nous glisse discrètement un titre à l'engagement subtil mais nécessaire.
De beaux jours à venir, c'est tout ce qu'on espère... |