Drame de Shakespeare, mise en scène de Jean-Luc Jeener, avec Ellyn Dargance, Benoît Dugas, Jean-Yves Lemoine, Jan-Luck Levasseur, Gildas Loupiac et Alicia Roda.
De "Troïlus et Cressida", drame touffu en cinq actes en vers et en prose dans lequel Shakespeare mêle tous les registres, Jean-Luc Jeener a procédé à un élagage drastique pour circonscrire l’action et la thématique au destin des deux amants immortalisés par la sentence "Fidèle comme Troilus, fausse comme Cressida" qui constitue le nœud de la pièce.
Sur fond de guerre lasse, celle de Troie, Troilus, fils du roi Priam, avatar antique du noble chevalier du Moyen Age, s’éprend de Cressida, une belle captive grecque, qui le fait languir et sait se faire désirer avec la connaissance de sa nature et une préscience confondante de la stratégie amoureuse.
Cela commence comme une comédie amoureuse orchestrée par la tante de la jeune fille. Les jeunes gens soupirent à la manière de l’amour courtois avant de céder à l’emprise des corps. Mais à peine consommée la première nuit de volupté, le drame se noue. Cressida doit être restituée aux siens dans le cadre d’un échange de prisonniers.
Qu’adviendra-t-il de cet amour face, pour l’un, à la raison d’Etat, pour l’autre, à la loi du plus fort ? Troilus et Cressida n’ont pas l’abnégation de Roméo et Juliette et Jean-Luc Jeener, dans une mise en scène efficace, met en exergue le heurt des sentiments et le chaos de la vie.
Entourés de Ellyn Dargance, entremetteuse pétulante et pragmatique, Jean-Yves Lemoine et Jan-Luck Levasseur, représentants du pouvoir et Gildas Loupiac en grec cynique, Alicia Roda montre de belles dispositions pour interpréter de manière exaltée aussi bien les jeunes coquettes que les amoureuses tragiques et Benoit Dugas, au doux physique, excelle dans l’incarnation de celui qui est "plus faible que les pleurs d'une femme, plus paisible que le sommeil, plus crédule que l'ignorance".