Comédie dramatique de Jon Fosse, mise en scène de Laurence Blasco, avec Soumya Teffahi et Mathieur Quéré (Compagnie du Rire en Carton Fat)
Ce qui est bien avec les gens qui sortent de l'Ecole Claude Mathieu, c'est qu'on n'est jamais déçu... ("Les Errants" au Petit Louvre et l'an dernier "Jeux de mots laids pour gens bêtes" ou "Adèle a ses raisons" entre autres...).
Cette fois-ci , c'est dans une atmosphère étrange et angoissante (un peu à la David Lynch) qu'on est transporté. Un couple ( se connaissent-ils ?) près d'un banc. La femme qui répète comme une litanie qu'elle est à lui. Lui qui ne comprend pas.
Puis on se retrouve dans une chambre au grand lit orange d'où elle semble se réveiller d'un rêve bizarre...(Ou est-ce la réalité ? )
Le texte de Jon Fosse (auteur norvégien né en 1959), dur et obsédant, claque en rafale comme dénué de sens mais, peu à peu, tisse sa toile dans laquelle, nous spectateurs, sommes englués. Et on reste suspendus aux lèvres des deux protagonistes pour savoir...
Sur ce texte difficile, il fallait tout le talent de Laurence Blasco (par ailleurs professeur à l'Ecole Claude Mathieu) pour installer une ambiance de thriller. Les changements de décor dans le noir, juste éclairés par une lampe-casque, contribuent à la fluidité et ajoutent à la tension palpable. Elle a dirigé au cordeau, et dans un jeu très "cinéma", les deux comédiens qui mettent en place progressivement avec finesse et sobriété toute la complexité de ce quasi huis-clos extrêmement singulier, envoûtant et sensuel.
Soumya Teffahi tient la scène avec une présence rare et effectue une réelle performance de comédienne. Mathieu Queré de son côté, avec retenue et délicatesse, fait deviner toute l'énigme de son personnage.
Les deux jouent chacun leur partition et imposent au final, à deux, leur petite musique. Une musique vénéneuse, glacée et magnétique comme une chanson de Björk.
|