Comédies de Jean Tardieu, mise en scène de Christophe Luthringer, avec Evelyne Bork, Franck Mercadal, Carole Massana, Laurent Gérard, Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps.
Avec "Je t’avais dit, tu m’avais dit", Christophe Luthringer signe une mise en scène à la (dé)mesure de Jean Tardieu poète et auteur dramatique qui s’est passionné pour la "comédie du langage", et, dans une scénographie virevoltante et pétulante, en restitue l'écriture janusienne.
Décrit par Jean-Michel Ribes comme un "grand gigoteur de mots, détourneur de sens et secoueur de raison jusqu’à la perdre", Jean Tardieu, un de ces "dynamiteurs de mots" père fondateur avec, notamment, Roland Dubillard et Eugène Ionesco, du théâtre moderne, fait, dans ces courtes pièces, d’une pierre deux coups.
Par l’exploration et la destruction du langage dramatique, il revisite la condition humaine à la loupe de la métaphysique avec un œil d’entomologiste, et concoure à l'implosion du vaudeville et du théâtre bourgeois.
Si tous ses procédés, de "Le mot pour un autre" à "Finissez vos phrases", ont, certes, des effets comiques, la dérision et la parodie dressent un miroir tragique de l'incommunicabilité et des conventions.
Tout est truqué, comme le décor protéiforme, d’un hyperéalisme à la fois kitsch et sommaire de bande dessinée. Jeux de portes, jeux de mots et jeux de rôles pour 6 comédiens totalement allumés.
Evelyne Bork, Franck Mercadal, Carole Massana, Laurent Gérard, Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps, excellentissismes, sont saisis par la grâce du verbe tardivien, du comique à l’humour noir, du cocasse au burlesque, et emportés dans une chrorégraphie en spirale dans un vertige sémantique frénétique qui s’achève en apothéose débridée.
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