C'est toujours avec un grand plaisir qu'on découvre un nouvel auteur. Surtout quand celle-ci, c'est évident, ne se prend pas au sérieux et dissèque avec tact et légèreté les affres de la jeune femme moderne en quête de bonheur.
Dans "Où va le coeur des filles quand ils sont partis?", Juliette et Vanile comme les deux moitiés d'une même demoiselle (l'une cynique et désenchantée - du moins le croit-on, l'autre pleine d'espoir et romantique) font l'inventaire des hommes idéaux dans leur recherche éperdue du grand amour.
Dans un décor qu'on croirait sorti d'un film de Tim Burton, mais tout simple pourtant, fait de tulle et de rubans, les deux colocataires et amies se renvoient la balle avec toujours le petit détail qui fait mouche ou la phrase qui tue. Le texte d'Annelise Uhlrich est une petite merveille d'humour grinçant et de poésie. Tout est juste, fin et pas prétentieux pour deux sous. La pièce oscille constamment entre gravité et auto- dérision, reflet lucide de son époque et des héroïnes ordinaires qui la traversent.
Les deux comédiennes sur scène s'en donnent à coeur joie avec une évidente complicité jubilatoire. Le canevas de l'auteure (et metteuse en scène) leur donnant des espaces de jeu comme d'authentiques plages de (ré)création. Anne Jeanvoine est une Juliette acerbe tantôt hilarante ou mélancolique, pétillante et attachante. Une sorte de "Betty Boop intelligente".
Quand à Manel Moussaoui, sa fantaisie, sa spontanéité et sa générosité nous attendrissent et son monologue final est bouleversant de sincérité.
Le tout donne un spectacle émouvant, aérien et distrayant comme autant de petites bulles de savon qui viendraient, sur la ville, laver la tristesse du coeur des filles... (Et aussi des garçons !)
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