Comédie de Sacha Guitry, mise en scène de Jean-Laurent Cochet avec Paule Noëlle, Virginie Pradal, Catherine Griffoni, Anne-Marie Mailfer et Jean-Laurent Cochet.

Jean-Laurent Cochet ouvre le bal de la rentrée théâtrale 2007-2008 avec "Aux deux colombes", une pièce peu connue de Sacha Guitry, même oubliée puisqu'elle n'a jamais été jouée après sa création, par l'auteur lui-même.

Et ce n'est pas son moindre mérite que de la porter à la scène du Théâtre Pépinière-Opéra pour le plus grand plaisir du public car, sous l'apparence de la légèreté, l'écriture et le style uniques et singuliers de Sacha Guitry sont semés d'embûches. Mais Jean-Laurent Cochet connaît ses classiques et fait bon usage des indications du maître qui disait : "Mes pièces se respirent, se pensent large, profond et se jouent léger."

A la mise en scène et sur scène, Jean-Laurent Cochet se délecte de ce bel esprit français qui revisite, avec intelligence et humour, le trio traditionnel qu'il orchestre avec brio, entouré d'un quartet féminin épatant composé de comédiennes hors pair. Impérial, il incarne le personnage central, un avocat parisien qui se retrouve bigame du fait du retour impromptu de sa première épouse disparue depuis plus de 20 ans. Le voici aux prises, enjeu involontaire et observateur désenchanté, de deux femmes, qui plus est sont soeurs.

Sous le regard effaré de la gouvernante, Anne-Marie Maifer parfaite, l'épouse en titre, Paule Noëlle pétulante, et la revenante, Virginie Pradal irrésistible, croisent le fer de la rivalité, qui n'est pas qu'amoureuse, sans se rendre compte que "leur" mari frémit déjà aux effluves exotiques d'une grande duchesse russe, la superbe Catherine Griffoni. La distribution judicieuse, homogène et "harmonique" concoctée par Jean-Laurent Cochet fédérée sous sa houlette inspirée offre donc au public un spectacle qui est un vrai ravissement.

Comédie de moeurs aux allures vaudevillesques sur l’amour, le mariage et les femmes, "Aux deux colombes" est une exquise friandise à la recette exclusive et secrète, légère comme un feuilleté praliné, qui crisse parfois sous la dent et explose de mille saveurs, acidulée comme un bonbon pétillant, fondante comme un moelleux au chocolat et élégante comme une chrysalide de caramel filé.

A savourer... tout simplement.