Les festivals estivaux à peine achevés, force est de constater que les salles de la capitale peinent encore à se remplir en ce début septembre. Et les parisiens de réserver leurs faveurs à quelques grosses pointures : Devendra Banhart, Sonic Youth et ce soir là, Yo La Tengo.
Guère de spectateurs donc pour une des affiches les plus alléchantes de la rentrée : Don Nino, Chris Garneau et James Blackshaw. Comme de bien entendu … à la Maroquinerie.
En ouverture - mais tête d’affiche dans nos cœurs -, l’époustouflant James Blackshaw.
A moins de vingt-cinq ans, cet anglais possède déjà cinq albums au compteur. Ainsi qu’une personnalité et un style des plus atypiques de nos jours : des ragas à la guitare folk à la manière de John Fahey ou Robbie Basho. Inutile de préciser que le garçon excelle dans le maniement de son instrument : picking, arpèges démentiels, rien ne lui résiste ...
Son passage aux Instants Chavirés de Montreuil nous avait profondément enthousiasmé au printemps dernier mais ce soir, il sera plus touchant encore. Le contrat avec lui déborde de simplicité : à sa charge la bande-son, les émotions, à la notre la création de l’imaginaire visuel.
Grosse grosse impression, illustrée à merveille par l’onirique "Transient Life In Twilight" en rappel.
Le minimalisme comme fil conducteur de la soirée : après un James Blackshaw seul avec sa douze cordes, place maintenant à Chris Garneau, seul avec son clavier.
De ce jeune garçon, on ne connaît rien. Mise en scène réduite au strict nécessaire, Chris Garneau propose un spectacle magnifique en toute simplicité, sans prétention, ponctuant sa prestation d’un hommage vibrant à feu Elliott Smith.
Les quelques dizaines de spectateurs ne boudent pas leur plaisir conviant le jeune américain à un rappel inattendu.
Tête d’affiche pour deux soirs, arrive dans la foulée le vénérable Don Nino, échappé de NLF3 et récemment auteur d’un acclamé recueil de reprises.
Ambiances sombres, uniquement accompagné d’un batteur, Don Nino échafaude par couches successives les jolies symphonies indie-pop de son répertoire ou revisite celui de ses maîtres avec plus ("Dominoes" de Syd Barrett, "Kiss" de Prince) ou moins ("A Day In A Life" des Beatles) de réussite.
Une soirée parfaite, où, sans apparat, la musique triomphe. |