Au beau milieu de la nuit de lundi à mardi dernier, plongé dans un profond sommeil, j’ai fait un rêve incroyable. Encore une fois une histoire de concert. La scène se déroulait à une époque lointaine dans un petit club d’une capitale quelconque.
En ces temps futurs, le rock bouge encore mais n’excite plus guère que les vieux quinquagénaires dans mon genre. Décor de cabaret, éclairage tamisé un peu démodé. A l’image de l’artiste assis au centre d’une scène gratouillant une guitare. Et ce musicien, surgi du fond de ma mémoire n’est autre qu’Adam Green, chanteur de feu les Moldy Peaches, loufoque formation folk découverte un bel après-midi de festival à Leeds au début du siècle.
Bien qu’ayant énormément compté pour moi à l'époque, force est de constater que l’actualité de ce dernier ne me passionne plus guère actuellement. Le temps a fait son œuvre et nos chemins ont divergé depuis longtemps. Enfin surtout le sien d’ailleurs, même s’il reste difficile d’abandonner totalement ses idoles de jeunesse. Au travers desquelles on cherche inconsciemment à retrouver une partie de celle-ci.
A cette époque, Adam Green fait partie de ces artistes dont la période de gloire appartient au passé, résignés à venir périodiquement relever les compteurs face aux mêmes vieux fans nostalgiques. Avec le temps, Adam s’est un peu empâté. Ses fringues déchirées ont laissé place à un costard impeccable. Son jeu de scène un peu gauche, ses déambulations, ses pains à la guitare, ses interventions, tout sonne un peu faux, comme s’il cherchait à recréer artificiellement une époque révolue.
Enfin … à bien réfléchir, mis à part ses tout débuts, il a toujours un peu été comme ça ... Loin de jouer au juke-box vivant tel un artiste au seuil de sa carrière, Adam porte enfin un œil objectif sur celle-ci. Et de ne conserver que ses plus belles pépites au détriment de ses grands succès.
Devant un parterre de spectateurs complètement acquis à sa cause. Mais parfois un peu déroutés devant ses choix. En particulier en matière de vieilleries : "My Shadow Tags On Behind", "Father And Son", "Computer Show", "Mozzarella Swastikas", "Dance With Me" ou encore "Can You See Me".
Aux extraits du navrant Jacket Full Of Danger, Adam le vert préfère le meilleur de sa période crooner : "Bluebirds", "Friends Of Mine", "Jessica", "We’re Not Supposed To Be Lovers", "Hard To Be A Girl", "No Legs", "Carolina", "Crackhouse Blues", "Gemstones", "Emily" ... Se paye même le luxe de reprendre encore "What A Waster" plus poignant que jamais depuis la disparition de Pete Doherty.
Se hasarde même à reprendre du Gainsbourg : "Marilou Sous La Neige". En clair, le set que l’on attendait plus de lui, loin de la mascarade grand guignol de la Cigale en 2006. Fait incroyable, il va même jusqu’à rappeler à l’ordre les spectateurs tapant dans leurs mains durant les morceaux.
A cet instant, les souvenirs rejaillissent en pagaille : les raisons de mon admiration pour lui semblent à nouveau tellement évidentes ... Mais ne serais-je pas en train de m’égarer : ce concert j’y ai assisté. Et pas en rêve.
La renaissance d’Adam Green a bel et bien eu lieu lundi dernier à la Maroquinerie. Et je ne m’apprête heureusement qu’à fêter mon vingt-huitième anniversaire … |