Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Dionysos
Olympia  (Paris)  17 mai 2003

Dans la mythologie gréco-latine, Dionysos, aussi appelé Bacchus par les romains, est le dieu du vin : il appartient, tout comme Déméter, aux divinités suprêmes de la terre. C'est lui qui enseigne aux hommes l'art de cultiver la vigne et d'en tirer le doux liquide aux reflets pourpres qui provoque la cirrhose.

Plus près de nous cependant, Dionysos est aussi le nom d'un groupe très sympathique qui nous vient de Valence. Si l'on ne présente plus le Dionysos nouveau, alors que l'ancien ne cesse de se faire oublier, c'est parce que les cinq trublions du rock français ont finalement réussi à obtenir la reconnaissance du grand public : après deux albums auto-produits et plutôt confidentiels, "Happening Songs" et "The Sun is Blue like the Eggs in Winter", ils ont sorti "Haïku", enregistré au Brilliant Studio à San Fransisco. Résultat : personne n'a pu échapper à leur single "Coccinelle", et les voilà qui posent en couverture des Inrocks pour la sortie de leur nouvel album, Western sous la Neige, pendant que "Song for Jedi" nous refait le coup de la coccinelle, justement.

D'où l'inévitable question : après une telle publicité, est-il encore bien raisonnable de vouer un culte à Dionysos ? Votre serviteur est allé les observer à l'Olympia pour se faire une idée de la réponse.

Mais avant d'écouter Dionysos, il nous faut d'abord entendre Cyrz, qui assure la première partie : l'animal s'appelle Cyril au civil, il vient de Valence lui aussi, et c'est un ami d'enfance de Mathias, le chanteur sur-vitaminé de Dionysos. Le jeune homme s'installe avec sa guitare, sur une chaise près du bord de la scène. Face à lui, un pupitre sur lequel il dépose des feuilles. On devine qu'il s'agit des paroles de ses chansons, puisqu'il les égrènera au fur et à mesure de son set.

Il enchaîne alors, pendant une grosse demi-heure, des compositions personnelles et simples, aux paroles douces-amères écrites en français, accompagnant parfois ses accords de guitare de quelques phrases d'harmonica. Le problème est que ses textes sont un peu faibles : toujours à la limite du ridicule sans cependant y tomber totalement, ses rimes évidentes et ses jeux de mots téléphonés restent tout de même embarrassants. Heureusement, il les délivre avec détachement et ironie, et, prenant confiance, finit par se décontracter et par plaisanter avec le public.

Il se moque un peu de lui-même ; il nous amuse avec le fil rouge, cette chanson qu'il décline trois fois sur les mêmes accords mais avec trois textes différents, qui commencent tous par " avant tout j'écris des chansons pour … ". Pour son dernier morceau justement, il chante : " avant tout j'écris des chansons pour vous ". On sourit, on applaudit et on bat la mesure en cadence, parce qu'au fond il nous a mis dans sa poche. Et lorsqu'il quitte la scène, on se rend compte qu'on n'a finalement pas passé un si mauvais moment … même si on n'ira pas acheter son album.

Après quelques minutes d'attente, et le discours d'un membre de Solidarité Sida qui nous propose d'organiser un charnier humain médiatisé, un écran descend devant la scène pour nous présenter un film d'introduction en noir et blanc. Amusé, je lorgne vers la cage métallique, accrochée au balcon, où est installé le projecteur, et je me demande si Mathias pourra se faire porter jusque-là, sans savoir que c'est effectivement ce qu'il fera deux fois pendant la soirée.

Cependant, déjà l'écran se relève, et le groupe au complet apparaît sur scène, toujours aussi impeccablement habillé. Mathias lance les premiers accords de "I love you", et fait traîner les paroles autant qu'il peut, mais dès que la chanson démarre, c'est l'enfer qui s'installe au sein de la fosse, où l'on saute déjà dans tous les sens. Quant le chaos s'apaise et que les applaudissements délirants se calment, Mathias nous délivre, penché sur le bord de la scène, une version a capella de "Asshole car orchestra" : l'intermède, surprenant et bienvenu, est toutefois de courte durée, et déjà les choses sérieuses reprennent.

En fait, à part "45 tours", dont l'absence est tout de même notable, tous les tubes de Dionysos y passent. Naturellement, on entend beaucoup le dernier album, avec "Song for Jedi" ou "Mc Enroe's Poetry", et surtout "Anorak", qui sonne comme jamais et nous gratifie d'un nouveau pandémonium au sein du public.

Mais le groupe n'oublie pas ses anciennes chansons, comme "Can I ?", sur laquelle votre serviteur rêvait de pouvoir se trémousser et qui a tenu ses promesses. Dionysos nous sert également deux reprises de qualité, avec une version musclée du "I put a Spell on You" de Screamin' Jay Hawkins, et une reprise tout aussi appuyée du "Thank You Satan" de Léo Ferré, pendant laquelle la scène s'habille judicieusement de multiples éclairages pourpres du plus bel effet.

Parfois MikyBiky, le guitariste au pseudonyme aussi mauvais que le mien, passe aux platines. Cela nous donne une version assez particulière de "Longboard Blues", l'hymne aux roulettes du dernier album, qui sort transfigurée de cette fusion entre sons électroniques et refrains chantés en forme de chœurs. Enfin lorsque Babet attrape son violon, et que Guillaume, le bassiste, troque sa basse électrique contre une contrebasse, le public a droit à une interprétation rappée de "Coccinelle", qui mélange elle aussi beats électros et sonorités organiques, offrant à nos oreilles une écoute inédite de la chanson si ( trop ?) connue.

Pour le premier rappel, Dionysos revient sous les applaudissements du public en délire, dont la ferveur est à la hauteur de la qualité de la prestation fournie ce soir. Bien sûr, on peut dire que Dionysos en rajoute, que Dionysos en fait des tonnes.

Force est au moins de reconnaître que le groupe va jusqu'au bout de son exubérance, à l'image de Mathias, le chanteur fêlé de cette formation de doux dingues : lorsqu'à la fin du rappel, pendant que le reste du groupe laboure les mêmes accords en boucle, il nage sur la foule pour la deuxième fois, afin d'atteindre le balcon et de se mêler aux spectateurs assis, on sent bien qu'il est à bout de force. D'ailleurs il revient sur la scène à la limite de la perte de connaissance. Et Stéphan, le sixième membre non-officiel de Dionysos, doit le porter en coulisses pendant que les autres terminent le set. Que l'on soit adepte ou non du joyeux délire de ces cinq agités, il faut admettre que ce jusqu'au-boutisme scénique mérite le respect.

Puis, pour finir, et après une ovation longue et méritée du public, la magie se produit. Avant de repartir en coulisse, Mathias glisse au micro : " bon, tout le monde s'assoit et on s'en fait encore une petite en acoustique ? " Le public exulte puis s'assoit sagement. Ceux du balcon sur leurs sièges. Ceux de la fosse par terre au milieu des mégots et des verres de bière vides. Le groupe rentre en scène et s'installe en rang sur le devant de la scène. Mathias joue de la guitare acoustique, sans amplification, et commence à chanter sans micro, dans un silence général et recueilli. C'est "Tokyo Montana" : " j'ai froid / je pleure de la neige / je pleure de la neige... "

Babet et les autres dionysiaques font des chœurs pendant les refrains. Et le public chante aussi. Doucement, comme en un murmure, pour ne pas couvrir la voix de Mathias. Après un decrescendo émouvant, le chanteur et le public se taisent en même temps. Mathias pose alors sa guitare, fait cesser les applaudissements, monte en équilibre sur un ampli de retour, et nous interprète "Wedding Idea", a capella …

Ô temps suspends ton vol …

Wedding Idea se termine, Dionysos quitte la scène, les lumières se rallument, et je suis heureux. Je pars faire quelques libations afin de perpétuer le culte de Dionysos. L'ancien ou le nouveau, qu'importe.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album Whatever the Weather de Dionysos
La chronique de l'album Monsters in love de Dionysos
La chronique de l'album Monsters in love - DVD de Dionysos
La chronique de l'album Eats Music de Dionysos
Dionysos en concert au Festival Solidays 2003
Dionysos en concert au Festival La Route du Rock 2004 (dimanche)
Dionysos en concert au Festival Les Inrocks 2005
Dionysos en concert au Festival Halloween 2005
Dionysos en concert au Festival Garorock 2006 (vendredi)
Dionysos en concert au Festival Le Printemps de Bourges 2006 (samedi)
Dionysos en concert au Festival Le Rock dans tous ses états 2006 (samedi)
Dionysos en concert au Festival Les Eurockéennes 2006 (vendredi)
Dionysos en concert au Festival des terre-Neuvas 2006 (dimanche)
Dionysos en concert au Festival des Vieilles Charrues 2006 (dimanche)
Dionysos en concert au Festival International de Benicassim 2006 (vendredi)
Dionysos en concert à Oui FM (12 décembre 2007)
Dionysos en concert à Casino de Paris (20 mars 2008)
Dionysos en concert à Zénith (24 avril 2008)
Dionysos en concert au Festival Art Rock #25 (2008)
Dionysos en concert au Festival Art Rock 2012 - vendredi
Dionysos en concert au Festival Les Eurockéennes de Belfort #24 (2012) - vendredi
Dionysos en concert au Festival Beauregard #4 (édition 2012) - Vendredi
Dionysos en concert au Festival Rock en Seine 2012 - Programmation du vendredi
Dionysos en concert à L'Aéronef (jeudi 13 décembre 2012)
La conférence de presse de Dionysos (août 2004)
L'interview de Babet - Dionysos (29 octobre 2005)


Gribouille         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :


# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

On fait le plein de découvertes cette semaine avec des tas de choses très différentes mais toujours passionnantes. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.

Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=