La deuxième Master Classe de cet automne 2007 se déroule dans un Théâtre Pépinière-Opéra bondé. Sold out ! Au point que l’heure tourne sans que le public ne cesse d’affluer et Jean-Laurent Cochet entre en scène alors que la salle est encore pleins feux.
Costume clair, pas assuré, silhouette virevoltante, il est de bien belle humeur, ravi de la pluie qui éclabousse Paris. Le succès, qu’écris-je ?, le triomphe que connaît la pièce "Aux deux colombes", qu’il a mis en scène et interprète sur cette même scène, lui sied bien.
Et la vue des spectateurs engoncés dans leur imperméable, se battant avec des parapluies récalcitrants, lui rappellent les premiers vers d’une fable de La Fontaine "Phébus et Borée" : "On entrait dans l’automne, Quand la précaution aux voyageurs est bonne : Il pleut, le soleil luit, et l’écharpe d’Iris, Rend ceux qui sortent avertis, Qu’en ces mois le manteau leur est fort nécessaire".
Il loue la plume féconde de Jean de La Fontaine qui sera à l’honneur de ce cours public d’interprétation dramatique dans lequel il souhaite faire monter sur scène ses tous nouveaux élèves qui semblent prometteurs.
Après avoir conseillé au public de s’enquérir du DVD "Céline vivant" qui regroupe les interviews télévisées de Céline, il appelle les premiers élèves pour l’exercice imposé des fables qui constituent la base de son enseignement.
Au programme ce soir : "Le loup et le chien" et "Le loup devenu berger". Les élèves passent l’exercice avec succès et, ravi, Jean-Laurent Cochet se contente de quelques remarques, pourtant, essentielles pour le comédien qui veut, comme l’indiquait son maître Jean Meyer, aller "plus profond maintenant". "Perrette et le pot au lait", qu’il qualifie de "shakespearienne" par la pensée, dite par une toute nouvelle élève, lui donne néanmoins l’occasion de méduser l’assistance par la pertinence et le brio de ses analyses.
Ensuite après quelques apartés pour détendre l’atmosphère très studieuse de ce cours, comprenant, comme à l’accoutumée, anecdotes souriantes et la légitime vitupération contre la sonnerie intempestive d’un téléphone portable, place au théâtre avec les scènes préparées par les élèves qui sont également l’occasion d’évoquer de grands comédiens aujourd’hui disparus.
Suivront donc une scène du "Bourgeois gentilhomme" de Molière, la tirade de Lucrèce de "Lucrèce Borgia" de Victor Hugo et le monologue de "Louison" et le début d’une scène de "On ne saurait penser à tout" d’Alfred de Musset.
Le théâtre de Musset, le plus difficile, permet à Jean-Laurent Cochet de dispenser tout son savoir et tout son art qui passe autant par une analyse de l’œuvre de l’auteur et la mise en perspective avec son époque que par la mise à plat complète des répliques et de l’interprétation.
Ici, deux répliques, au demeurant brèves, sont décortiquées de manière et galvanisé, joignant le geste à la parole, Jean-Laurent Cochet quitte son siège d’un bond pour incarner le personnage. Et il peut tout jouer !
Le tout sous les yeux d’un public médusé qui n’aura pas longtemps à attendre pour le retrouver puisque la prochaine Master Classe se déroulera le 12 novembre 2007.
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