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Interview  (Paris/Marseille)  2 novembre 2007

Eva Doumbia, metteur en scène et directrice de compagnies, La part du pauvre en France et Nana Triban en Côte d'Ivoire, était doublement à l'affiche du Théâtre de la Tempête à l'automne 2007 puisqu'elle y présentait deux spectacles "Primitfs" et "Exils 4".

A travers un théâtre qu'elle veut un théâtre vivant, elle y explore la condition de l'homme noir et de l'homme métis.

Après la fin des représentations, elkle est repartie à Marseille où elle vit et a accepté de répondre à quelques questions par fil.

Vous avez présenté au Théâtre de la Tempête deux spectacles "Primitifs" et "Exils 4" qui traitent respectivement de la condition des afro-américains dans les années 50 et du métissage tel qu'il est vécu aujourd'hui. Alors que la mode est au métissage qui idéalise la double identité et l'émergence d'une nouvelle culture, vous montrez que le métissage est vécu de manière plus douloureuse par l'individu métis.

Eva Doumbia : Actuellement, l'effet de mode du métissage et de l'identité est dû à la grosse gaffe du discours du président français à Dakar sur lequel il n'est plus possible de retourner en arrière et reconnaître qu’il s’est planté. En ce qui concerne la thématique d'"Exils 4", je ne dirai pas que je traite la condition du métis de manière douloureuse mais conflictuelle.

Cela étant le mythe du métissage est battu en brèche en ce moment. Entre le mythe de la race bâtarde, mythe raciste qui parle notamment d'impureté, et le mythe idéalisé, j'évoque le conflit qui règne à l'intérieur de l'individu métis dans lequel, à l'intérieur d'un même corps, entre le colonisateur et le colonisé, le dominant et le soumis, l'émigré et le national. Un autre aspect de mon travail concerne la dévalorisation de l’africain aussi bien dans sa culture que dans son identité. Et je traite d'un sujet que je connais bien qui est celui du métissage Europe-Afrique. Dans ce cas, la perception de l'individu, par lui-même et par les autres, diffère selon le lieu de naissance.

En France, un métis est toujours considéré comme un noir et renvoyé à l'altérité. En revanche, les métis nés en Afrique sont considérés comme des blancs parce qu’ils font partie des dominants. Et j’en connais qui se vivent comme des blancs même quand ils viennent en France. Moi-même, j'ai été obligée d’admettre que dans le regard des autres des africains j’étais blanche et donc une européenne. Il y a un chemin qu’il faut accepter. Ce qui est intéressant c’est que l’identité n’est pas quelque chose d’inné mais qui se crée dans le regard des autres. Je pense qu'il ne faut pas faire une identité de la différence.

Mon travail correspond à la fois à un besoin et à une manière de tout dévoiler. Avec "Exils 4" j’ai voulu monter cela du côté de l’intime, sans concession ni idéalisation, et je pense que je peux le faire parce que j’ai fait ce chemin au niveau personnel.

Les articles qui sont consacrés à votre travail traitent plus de la forme que du fond notamment en évoquant le mélange que vous opérez entre le théâtre européen et le théâtre africain et la transdisciplinarité puisqu'ils sont émaillés de musique, de danse et d'images.

Eva Doumbia : La musique est très importante pour moi car elle fait partie de ma vie au quotidien. Mon compagnon est musicien et je nous travaillons ensemble. Par ailleurs, il faut préciser qu'"Exils 4" était une commande de Culture France sur l'interdisciplinarité ce qui explique ce mélange de disciplines. De plus, j'ai conçu ce travail avec Sabine Samba qui est métisse et danseuse de hip hop.

Mais, de toute manière, je veux faire du théâtre vivant avec des émotions, du vécu, du réel et la musique ou la danse font partie de la vie. Le théâtre culte en ce moment est un théâtre de profération, un théâtre sec, dépourvu d'émotion, dans lequel le texte est lu ou dit de manière impersonnelle. Je ne suis pas du tout intéressée par ce registre car s'il s'agit simplement d'entendre un texte je préfère rester chez moi et le lire.

"Primitifs" était également un travail de commande ?

Eva Doumbia : Non, il s’agit d’un travail qui est à mon initiative et qui est né d'un désir profond de parler de Chester Himes, de l'injustice dont il a été victime quant à l'image qu'on a donné de lui et du fait qu'il est resté dans la postérité comme auteur de roman policier alors qu'il était bien plus que cela. Cette injustice est encore plus flagrante aux Etats Unis où il est totalement inconnu. Les américains connaissent James Baldwin et Richard Wright mais pas Chester Himes alors que je trouve ce dernier beaucoup plus saignant et sans lui il n'y aurait pas eu Spike Lee par exemple.

Ce qui me plait chez lui c’est sa liberté. Il a une vraie pensée et j’étais très attirée par ses textes qui sont inclassables. Il était comme un animal sauvage, il était libre dans sa tête et dans ses propos. Même s'il a écrit des choses terribles sur les femmes et commis beaucoup de malhonnêtetés dans sa vie, par rapport à lui-même, il est resté foncièrement honnête il a refusé toute compromission politique. C’est un grand homme. Et dans son écriture il y a une méchanceté incroyable et une s grande violence.

Ma grande déception, à part de ne pas avoir pu obtenir les droits d'adapter "La fin d'un primitif", dont je me suis inspirée pour concevoir "Primitifs", c’est de na pas avoir trouvé comment traduire cette violence qui existe entre les personnages et qui n’est pas une violence gratuite mais une violence politique. Et c’était compliqué de le montrer avec cette forme de théâtre parce que je pense que seule une adaptation aurait permis de le faire.

Quels sont vos prochains projets ?

Eva Doumbia : Mon prochain projet consiste en la présentation à Marseille, au Théâtre des Bernardines en février 2008, puis en région parisienne au printemps 2008, de la Tétralogie des migrants qui comporte quatre spectacles, et une exposition. Il y a "Tu ne traverseras pas le détroit" écrit par un auteur marocain, Salim Jay, sur les raisons du départ du pays natal qui se présente comme un pamphlet concernant les brûleurs qui risquent leur vie en traversant le détroit de Gibraltar, "Attitude clando", un spectacle transdisciplinaire entre le slam et le théâtre de la langue, "Les larmes du ciel" et "Exils 4". Et une exposition "Enquête en zone d’attente" concernant ce qui se passe dans les zones d'attente des aéroports.

En région parisienne, dans quel lieu interviendrez-vous et présenterez-vous l'intégralité de cette tétralogie ?

Eva Doumbia : En avril 2008, nous présenterons seulement "Attitude clando" et "Les larmes du ciel" à la Faiencerie de Creil dans l'Oise.

 

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