Nicole Lejeune, peintre et photographe, expose à la galerie Art Street "des photos-peintures" composées à partir de collages et de superpositions de photographies qu'elle considère comme sa nouvelle peinture.
Nous l'avons rencontrée et elle a souhaité que soient publiées les réponses suivantes.
Ma nouvelle peinture
Nicole Lejeune : Je suis venue à la photo progressivement et toujours à travers l'esprit de la peinture : je fais des photos de peintre ; elles sont ma nouvelle peinture. Elles apportent le charme de la multiplicité et de la retouche immédiate, et sans danger de destruction définitive, mais il faut savoir ce qu'on a à dire et comment le dire et cela comporte également un travail immense et minutieux. Ce n'est pas la technique qui fait l'œuvre, c'est l'artiste et aucune technique n'enlève pas sa valeur à l'inventivité ou aux trouvailles, à l'équilibre entre discipline et liberté. Pour répondre à quelques critiques à la mode et sans fondement, je dois dire, de toutes façons, que mes photos sont "argentiques" et que le numérique n'intervient que pour des améliorations mineures, les tirages et numérotages, etc… Mais il n'y a pas de hasard : ce que j'appelle mon "background", c'est-à-dire mes arrière-plans culturels ou mes trésors enfouis dont j'ai une quasi perpétuelle conscience, joue dans la création un rôle majeur. Il est fait de toutes les émotions que m'ont donné les musiques, la danse, l'architecture, la littérature, la sculpture ; en somme, le travail de tous les artistes que j'ai cherché à rencontrer soit en "live", soit à travers les musées et les voyages. Quand je ressens quelque chose de beau, j'ai un besoin violent de le capter, d'arrêter le temps en le fixant (on dit d'ailleurs "prendre" une photo). Non, il n'y a pas de hasard. Tout est la résultante de ce qu'on a vécu et choisi pour notre vie.
Mes rencontres
Nicole Lejeune : La plus grande richesse sur cette terre est celle des rencontres humaines (Aragon l'a dit). J'ai souvent communiqué d'abord par un dessin, compréhension fine et silencieuse comme j'ai hérité de mon grand-père peintre, Camille Melnik, l'étrange don de ressemblance, j'ai pu ainsi ne pas défigurer, par un portrait faussé, les signes d'une communication quasi médiumnique. Parmi les rencontres, je citerai Jean Rostand (mes débuts), Georges Enesco, Michel Simon, Jean-Pierre Rampal, Marcel Marceau, Si Hamza Boubakeur et Marielle Nordmann que j'aimerais revoir. J'ai trouvé un régal psychologique dans les portraits d'hommes et de femmes remarquables et d'enfants adorables et je continue, bien sûr ! Avis aux amateurs !
Une exposition sans portraits
Nicole Lejeune : Cela fera l'objet d'une autre exposition. J'ai voulu, pour ma première manifestation au cœur de Paris montrer différentes facettes de mon projet, mais la prochaine fois il y aura un thème. J'ai une quantité de compositions, de quoi faire de nombreuses séries. J'ai aussi rassemblé, en vue d'un livre, les portraits de "cent grands peintres dans leur atelier" en noir et blanc et aussi en diapositives dont Dali, Vierada Silva, Vasarely, Hartung, César, Dado… On pourrait présenter mes "enfants végétaux" car j'aime avant tout les enfants… et les végétaux. La superposition est telle qu'elle ne défigure pas les visages et les rend plus mystérieux et universels.
Mes autres dadas
Nicole Lejeune : Parlons juste des philosophes avec qui j'ai travaillé et à qui j'ai posé des questions cruciales ! Et des poètes qui eux aussi m'ont nourrie : Apollinaire surtout, et Saint John Perse, Paul Eluard et Aragon, René Char, René Guy Cadou…
Ce que j'aimerai transmettre
Nicole Lejeune : Simplement la joie de vivre ! Ce sera sous la forme d'aphorismes, l'œuvre de longue haleine sur laquelle mille fois j'ai remis mon ouvrage…
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