Une fois de plus, la salle du Café de la danse était pleine à
craquer pour ce concert de Grandaddy. Chaleur extérieure aidant, la température
de la salle était à la limite de la forunaise ce qui a eu pour
effet de rendre insupportable l’activité extrêmement bruyante
autour du bar.
Carton rouge aux serveurs qui attendaient les moments de chute des décibels
pour jeter sans retenue les bouteilles dans leur poubelle !
La scène, surchargée de matériel, accueillait en première
partie Ben Kweller aux allures de jeune étudiant des
sitcoms américaines des années 70 qui seul à la guitare
ou au piano, se livre sans fioriture à des interprétations de
son jeune répertoire folk rock punk certes avec un brin d'humour ("je
vais vous chanter une chanson qui parle de ma vie, elle s'appelle 'Problems'")
mais néanmoins bruyant et excité. La chose laisse quand même
un goût de spectacle pour fête de fin d'année du campus.
Il nous promet de revenir avec son groupe cette fois, peut être en automne,
et il pourrait en être alors tout autrement, à l'image de son EP
Phone Home, beaucoup plus rock'n'roll et plus "professionnel"
même si ça reste assez déjanté. A suivre peut être.
Une grosse demie heure de sudation plus tard, c'est au tour des Grandaddy
de faire leur entrée. Grandaddy c’est un quintet dont
4 barbus costauds, au look intermédiaire entre les ZZ top et les joyeux
bûcherons des Rocheuses.
Un clavier, une guitare, une batterie, une basse (avec le sosie de Pavarotti
à la basse, qui s'avérera avoir une voix toute fluette du plus
belle effet en voix de fond ) et bien sûr Jason Lytle en personne qui
cache toujours sa grande timidité derrière sa barbiche et sa casquette
de base ball rabaissée sur les yeux. comme pour se protéger. Guitare
en bandoulière, gérant une flopée de synthétiseurs
et autres appareils électroniques, comme un élève studieux,
il consulte avant chaque morceau sa petite boîte à fiches qui recèle
ses recettes magiques.
Sur fond d’écran géant projetant des documentaires et clips
bucoliques, animaux, grands espaces et baroudeurs bûcherons construisant
radeau et cabane comme aux siècles passés (ça ne s'invente
pas) Grandaddy démarre sur les chapeaux de roues devant un public conquis
d'avance avec "Hewlett's Daughter" tiré de "The
Sophtware Slump", leur excellent précédent
album.
Si le son pêche au début du set, on oublie vite avec les titres
qui s'enchaînent, essentiellement extraits des précédents
albums avec quelques incartades quand même dans "Sumday",
leur dernier disque tout juste sorti.
Sans avoir peur de plomber le spectacle, Jason nous annonce d'ailleurs qu'il
dédit ce concert à 2 amis californiens qui viennent de quitter
notre monde pour un monde meilleur comme il dit... Qu'à cela ne tienne,
les Grandaddy enchainent illico.
En live la musique des Grandaddy est vive et spontanée, tout aussi
sophistiquée certes mais plus brute et plus rock. La voix de Jason, même
épaulée parfois par le bassiste révèle ses faiblesses
mais plutôt que de décevoir par rapport aux disques (sur lesquels
le chant ne constitue pas le point fort de Jason) elle donne à cette
musique un côté humain et très attachant. De la musique
vivante, jouée par de grands enfants (d'ailleurs eux mêmes ne s'y
trompent pas puisque sont projetées des images de leurs caricatures miniatures,
des "enfants-grandaddy")
Timide mais non dénué d'humour, Jason lance, avant d'entamer
"Crystal Lake" (un des morceaux phares de The Sophtware Slump)
: "Vous allez peut être reconnaître cette chanson, ça
a presque fait un tube euh.. en Russie " avant de nous en proposer une
version débridée et très rock, avec toujours ces petits
sons électroniques dont il a le secret.
Et même quand Jason se plante sur les premiers mots de "He's
simple, he's dumb, he's the pilot", il ne se démonte pas pour
autant et rattrape la sauce a capella pour terminer ce concert sur ce brillant
morceau qui introduisait "The Sophtware slump".
Habilement répartis entre les morceaux qui sonnent déjà
comme des classiques, les titres du nouvel album (Sumday) nous semblent presque
familiers, c'est sûrement cela la Grandaddy's touch, cette capacité
qu'ont les grands groupes à sortir du lot et à se construire une
véritable identité sonore.
Un concert de 1h30 à peine (les 22h30 réglementaires du Café
de la Danse) qui laisse un goût de "revenez-y"... Nous attendrons
donc décembre pour une nouvelle tournée française des Grandaddy
en écoutant d'ici là, Sumday et les précédents albums.. |