Je pense que tout le monde connait Philippe Solal. Et quand je dis tout le monde, vous pouvez voir là-dedans une notion d'universalité tant son précédent album (ou bien doit-on dire projet ?) fut un succès international et particulièrement français.
Et pour ceux d'entre vous qui ne ferait pas le rapprochement faute d'avoir lu les notes de pochettes ou de téléchargements intensifs, Philippe Solal est bel et bien le monsieur à l'origine du projet Gotan, qui fit entrer dans tous les foyers le tango sorti des salles de danses pour se retrouver sur les dancefloor.
Tout cela pour dire qu'a priori, nul besoin de faire l'article de ces Moonshine session ici. Pourtant après écoute, on se rend compte qu’au-delà d'un coup marketing de plus, ce disque a de vraies qualités.
Comme Gotan Project avait pour thème le tango, remis au goût du jour par quelques artifices électroniques, The Moonshine Sessions se penchent sur un petit morceau d'Amérique. La country façon western.
Contrairement à Gotan project, Philippe Solal ne joue pas ici les savants fous pour mettre la country sur les platines des DJ. On reste sur ces Moonshine Session dans un registre relativement classique. On se balade entre Elvis Presley et Chris Isaac ("Roads to nowhere"), les Walkabouts sur le joli duo "Psychogirls and psycow boys" ou encore une improbable version de "Dancing queen" dépouillée et remarquable donnant une valeur nouvelle à ce monument de la pop à paillette.
En fait, à bien y regarder, Solal propose l'exact contraire du Gotan Project. Des chansons interprétées avec justesse sans artifice électronique, plus authentiques, moins tubesques et ce n'est pas le très classique mais élégant "Always alone" avec son piano délicat qui viendra altérer le tableau.
Chaque titre fait également l'objet d'une collaboration avec des artistes (américains) réputés dans leur domaine, mais loin, bien loin, du gratin people habituel que tout compositeur français se doit d'inviter sur son album ces derniers temps.
Sans aller jusqu'à parler de prise de risque, il est clair qu'avec ce projet, Solal sera bien loin d'attirer autant les foules qu'avec Gotan et sans doute que la carrière des Moonshine Sessions ne sera pas aussi brillante que celle de son prédécesseur mais qu'importe, le temps d'un disque, on aura visité le grand ouest sans même avoir franchi le seuil de notre porte, encore mieux qu'un western. En plus, une piste bonus de "bruitages" vous laissera imaginer avec plaisir l'histoire qui va avec.
A réserver quand même à un public pas trop exigeant qui saura, comme dans Gotan project, trouver le ludique et l'agréable dans cet album. Après le tango pour les jeunes et la country pour tous, que va bien pouvoir nous proposer le petit musicologue illustré l'an prochain ?
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