La fin des grèves méritait bien une petite fête, et la Maroquinerie proposait justement une affiche séduisante avec la chanteuse Constance Verluca.
La première partie était assurée par une autre artiste féminine, The rodeo. S’accompagnant à la guitare et à l’harmonica pour un titre, elle imposa sa forte personnalité. Mais quiconque porte des chaussures rouges n’est jamais complètement innocent. D’où peut bien venir cette artiste aux yeux bridés et à la voix chaude ? Et comment fait-elle pour captiver à ce point le public avec ses ballades folks ?
Elle utilise sa voix avec l’assurance d’une Joanna Newsom ou de Martha Wainwright et compose des mélodies proches de celles de Lou Reed. Le public comprit sur le titre "Your love is huge" qu’elle était là pour le partager avec lui " …I can share with you …".
L’ambiance était installée et le public convaincu que la soirée recélait de belles promesses. Vint le tour de Constance Verluca. Elle entra sur scène, vêtue d’une blancheur virginale, chemise largement ouverte, ce qui fit monter un peu plus la température de la salle.
Derrière un front pur, la belle n’en agite pas moins des pensées sombres, "dépêchons nous d’en rire de peur d’en pleurer", semble-t-elle nous dire. Car derrière des mélodies naïves, elle conduit le public en douceur dans un univers d’angoisses, où la chanson est une magie qui va chasser les démons. Faut-il se réveiller avec le réveil "Ding Dang Dong" où retenir ses rêves le plus longtemps possible ? Mais comment rester coucher lorsque la musique ("guitare", "batterie") s’affole ?
Suivre Constance, c’est quitter les sentiers battus de la chanson française du moment. Qui d’autre chanterait "Judas, ne te pends pas… tu t’es fait avoir …." ? Pas d’angélisme. Pas d’attendrissement niais non plus, elle est amoureuse lorsqu’elle dévaste ou vampirise "Donne moi ta vie". Et elle laisse une empreinte au fer rouge, non on ne l’oublie pas. La chanson "C’est faux" emprunte des accents à certaines chansons de Cali.
De l’enfance, elle garde une mélodie, mais se réfugie dans les bras on ne peut plus dangereux des dépendances au "chocolat à l’héroïne et à la vodka" : les trois copains. Légère toujours, elle est partout sur la scène. Les fils s’emmêlent. Son acolyte Julien Hirsinger la rejoint sur deux titres "Oh Mickael", en anglais (Jackson, qu’as-tu fait de ton visage ?) et ensemble ils désamorcent le "Blues" tenace qui ne se résout que dans la mort… qu’elle réussit à rendre sexy. Elle joue, Constance, et à la fois elle est émue, elle est avec son public, à découvert, le cœur battant, juste en dessus du téton qu’on aperçoit.
Malgré son rhume, elle poursuit d’une voix acidulée …avec la cruauté perverse des fillettes, se donnant le beau rôle, tantôt séductrice ("Majeure" décline l’érotisme du roman de Sagan "Bonjour tristesse") tantôt charmante chipie, ange dissimulant des griffes acérées.
Rivalité : "Tu es laide", prostitution de haute volée : "Je simule" … Eternel féminin…diraient les mauvaises langues… C’est une aventure qui ne fait que commencer.
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