Le 28 novembre dernier, la France était triste. Fred Chichin nous laissait là, comme des cons, complètement médusés par son départ précipité. Ironie du sort, le soir même, Les Rita aurait dû jouer dans une salle aussi mythique qu’eux, l’Olympia. Twisted Charm aurait eu alors l’incroyable honneur de les supporter dans cette superbe tâche…
Double coup dur pour les 4 jeunes britons, qui exprimaient il y a encore peu, leur joie de jouer aux côtés de telles sommités, et par la même occasion de faire l’expérience d’un public plus mature.
Il est vrai qu’après avoir tourné avec Klaxons pendant plusieurs mois, l’envie de se détacher de cette "référence", d’exister en tant que groupe original, devait se faire sérieusement sentir.
Original, on ne peut pas dire que ce soit le cas de l’histoire de ces 4 garçons. Nathan Doom (voix, guitares, synthés), Luke Georgiou (saxophone), John Garley (basse) et Dominic Cole (batterie) viennent d’un bled paumé dans l’imprononçable Northompstonshire. Sympathique trou dans lequel la classe moyenne british végète, eux y compris. Bref, une histoire glauque, mille fois entendue à travers le monde de la musique. "La seule façon de s’en sortir : monter un groupe et s’installer à Londres", pour reprendre les mots de la bio presse.
Cohérents, les Twisted Charm, avec ce premier album Real Fictional, nous parlent donc de société anesthésiée par la téloche "Television Nation", où chaque destin est similaire "Clone Baby", où l’ennui règne graaaaaave "Boring Lifestyles" bref un monde aseptisé où il ne fait pas bon grandir "Never Grow Older".
Un désarroi quelque peu naïf paradoxalement habillé d’un son inventif et mature par sa complexité. Lance Thomas (Ladytron / PJ Harvey), à la production, n’y est sûrement pas étranger. Il est parvenu a donner un sens à une musique qui puise sa force un peu partout : guitare saillante façon Buzzcocks, basse vedette façon Joy Division, saxophone chaotique et incontrôlable façon James Chance, synthés discordants façon Devo. Un délire musical parfaitement orchestré et arrangé.
Leur style robotique 80’s devrait remonter le moral aux inconsolables de la période cold-wave. Une once discrète d’électro apporte une touche de modernité à l’ensemble de l’œuvre, la plaçant peut-être ainsi dans la nouvelle catégorie NME dite "nu-rave".
Peu importe. Catégorie ou pas, la musique mutante de Twisted Charm est avant tout rafraîchissante, charmante, oscillante et surtout pas chiante. Comme son nom l’indique. |