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Interview  (Paris)  14 décembre 2007

Interview de Syd Matters avec Jonathan Morali, Remi Alexandre et Olivier Marguerit

Vous écrivez peu de chansons calquées sur un schéma couplet/refrain, est-ce une volonté de vous démarquer ou c’est un processus naturel ?

Jonathan : Ce n’est pas une volonté, c’est plutôt que je ne parviens pas à trouver un équilibre couplet/refrain. J’essaie donc de trouver cet équilibre d’une autre manière. J’aimerais bien pourtant réussir à avoir ce format plus pop mais pour cela il faudrait que j’écrive d’autres chansons.

Comment se déroule la composition ?

Jonathan : Je compose d’abord la musique, la mélodie vient ensuite, puis les textes. Parfois une ou deux phrases me viennent pendant la composition mais je passe d’abord par la musique

Vous (les musiciens) vous intervenez à partir de quel moment ?

Olivier : on intervient à partir du moment où Jonathan a déjà écrit une sorte de chanson, une structure à vide. Sur le dernier album on a travaillé ainsi, Jonathan a fait les maquettes et nous on s’est rejoint juste au moment où il fallait entrer en studio. On est alors 4 à être force de proposition pour rendre les morceaux plus intéressants, parfois aussi pour leur trouver une autre optique.

On évoque souvent vos influences : Pink Floyd, Nick Drake, Radiohead. Vous aimeriez vous en échapper ou au contraire cela vous flatte ?

Tous les trois : C’est vrai que ce sont souvent les influences que l’on évoque nous-mêmes lorsque l’on nous demande ce que l’on aime, ce qui nous a marqués. Mais c’est surtout un truc marketing qui permet aux gens d’identifier plus facilement un groupe, c’est pas tellement nous. Au-delà de ces noms qui reviennent souvent, on a plein d’autres références, dans la musique, mais aussi dans le cinéma. C’est un raccourci pour se définir à un moment donné davantage qu’autre chose.

Et en ce moment vous écoutez quoi ?

Radiohead, Nick Drake et Pink Floyd (rires).

Parmi les groupes plus actuels, vous avez pris des grosses claques récemment ?

Jonathan : au niveau du son et de la façon d’aborder la musique en restant dans le domaine de la pop, Animal Collective m’intrigue beaucoup.

Olivier :Tous ces groupes comme Animal Collective qui font une sorte de recherche autour des structures sonore, avec des morceaux à l’architecture pop assez déstructurée, je trouve ça super intéressant même si je ne suis pas sûr que cela nous influence vraiment.

Est-ce que vous aimeriez vous situer en tant que groupe plus grand public comme Radiohead et Pink Floyd justement ? ou vous préférez être dans quelque chose de plus underground ?

Je ne crois pas que ça veuille dire grand-chose grand public. Bien sûr qu’au stade où l’on en est, plus il y a de gens qui s’intéressent à nous, plus on est heureux même si on a une vague idée du fait que l’on ne remplira certainement jamais un stade. Après on ne fera jamais de la musique en souhaitant aller dans cette optique plus grand public, non, la musique il faut d’abord qu’elle soit juste et qu’elle nous corresponde. Ensuite si ça marche, si ça explose tant mieux mais ce n’est pas quelque chose que l’on recherche dans notre travail.

Vous préférez justement jouer devant de gros publics, dans des festivals ou vous vous sentez plus à l’aise dans de petites salles ?

Olivier et Rémi : C’est difficile à comparer. On a connu de très bons moments dans les deux configurations. Dans une salle on ressent davantage l’engouement du public.

Dans un festival on ne sait pas bien qui est le public, on ne sait pas s’il est là pour nous, la réaction de foule où tout le monde va se mettre à sauter, taper en même temps ce n’est pas ce qu’on adore le plus. Mais à côté de ça sur une grosse scène il y a une forte sensation d’adrénaline que l’on ressent moins en petite salle.

C’est quelque chose que vous constatez en France comme à l’étranger ?

Olivier : C’est typiquement français je crois. Dans un pays non anglophone qui ne comprend pas trop ce qu’on raconte, le public attend surtout que ça bouge. Jonathan a eu l’occasion de jouer en Scandinavie, dans un festival folk et il y avait vraiment un public attentif à ça. C’était hyper agréable. Ce n’est pas du tout la même chose en France, cela s’explique sans doute parce qu’en France on a une culture en festival plus rock que folk.

Rémi : Moi je me souviens d’Herman Düne à la Route du Rock qui a eu le culot de prendre une petite guitare pour jouer pendant quelques minutes et les gens s’emmerdaient, parlaient. Le batteur est alors revenu et le public a commencé à s’exciter de nouveau. J’étais effaré.

Vous tournez beaucoup à l’étranger ?

Jonathan : Pas tant que ça, là on revient de New York par exemple où on est déjà allés quatre fois. Ça commence à bien marcher mais ça reste confiné à des lieux assez confidentiels, des petits clubs. On a aussi fait des dates par ci par là, en Scandinavie, en Angleterre. Ce qui est parfois un peu frustrant en France c’est qu’on nous explique que quand on chante en anglais c’est pour un public très restreint et puis paradoxalement quand on tente de s’exporter on bute sur des problèmes de budget, de logistique tout bêtes qui font que la promo est difficile, qu’on ne peut pas enchaîner plusieurs concerts. Trouver l’équilibre dans tout ça prend du temps mais je suis content qu’on arrive à s’exporter, que ce ne soit pas un fiasco.

Il paraît que vos concerts n’ont pas grand-chose à voir avec vos albums au niveau de l’énergie qui s’en dégage ? Vous abordez la scène de manière complètement différente d’un album ?

Jonathan : Non, c’est juste que sur scène tu viens avec tes chansons, ton état d’esprit, une certaine énergie. Il y a effectivement plus d’énergie dans ce qu’on fait sur scène mais je trouve qu’on reste complètement Syd Matters quand même

Olivier : On n’écoute pas de la musique de la même façon quand on est chez soi ou quand on est à un concert, et nous on ne fait pas de la musique de la même façon non plus, on ne cherche pas les mêmes choses. Sur disque on peut passer beaucoup de temps à travailler les arrangements, les cordes, les synthés. Sur scène on est 5, on ne peut pas faire ça, il faut qu’on trouve autre chose. On est dans un format plus rock avec batterie, basse donc naturellement les morceaux se durcissent un peu.

3 albums en 5 ans, c’est pas mal. Vous êtes de gros bosseurs ?

Jonathan : Enormément. Et si jamais on n’était pas dépendants des sorties de disques, des labels, des contrats, des temps de promo, on en sortirait sans doute plus. On est obligés de respecter des délais très longs entre deux albums qui ne correspondent pas forcément aux délais de création. Du coup on est contents d’avoir sorti trois disques et une BO en 5 ans mais on aurait pu faire plus.

Rémi et Olivier : Le système de sortie nous conditionne vachement. Le 3e disque sort en janvier, mais à la base il devait sortir plus tôt et je suis sûr que si ça avait été le cas on serait déjà en train de réfléchir à autre chose.

Inconsciemment on est conditionnés par tous les paramètres qui sont autour de la sortie du disque. Il y a des groupes qui évoluent plus indépendamment de ce système et qui parviennent ainsi à enchaîner les disques.

Il paraît que ce 3ème album tu l’as écrit seul enfermé dans ton appartement en réfléchissant au fait que dans la vie parfois il ne se passe rien ou pas grand-chose et que c’était aussi de ce rien que tu avais envie parler dans cet album ? Faut-il le voir comme une évolution par rapport à ce que vous avez pu faire de très nostalgique, comme une envie de vous tourner davantage vers le présent ?

Jonathan : Maintenant que Sarkozy est passé, on peut dire que c’était mieux avant pourtant (rires). Dans l’écriture des chansons c’est clair que je voulais parler du quotidien davantage que me tourner encore vers le passé ou l’imaginaire. J’essaie de composer tout le temps et il y a des périodes où je trouve ça tout pourri. J’ai mis un peu de temps à comprendre que se dire "je n’ai plus rien à dire ou ce que je fais c’est nul", c’est qu’il y a déjà quelque chose à dire. Il faut alors le transformer en quelque chose de positif.

C’est une sensation, avoir l’impression qu’il ne se passe rien, c’est déjà sentir quelque chose. Dans la création, l’inspiration, moi j’ai compris cela : à partir du moment où je respire, où je vis, j’ai des choses à exprimer. Je voulais parler de ça. Je ne peux pas raconter comme les Stones que j’étais dans un bar complètement défoncé et que je me suis fait casser la gueule et qu’ensuite je suis parti en tournée avec Led Zep. Non, parce que c’est pas ça ma vie et en même temps elle est super ma vie hein !

Je trouve cet album moins triste, moins mélancolique, moins planant que l’autre aussi. C’est aussi ton avis ? C’était une volonté ou ça correspond juste à une évolution naturelle de ta personnalité et de ta façon de voir la vie ?

Tous les trois : C’est vrai que les compositions étaient déjà moins tristes, les arrangements étaient même presque joyeux, mais tout cela est venu naturellement. On voulait changer notre son avec pas mal de synthés pour un son beaucoup plus brut, avec plus de guitares. Du coup ça change effectivement un peu l’ambiance de cet album.

Le 4e album devrait donc être un concentré d’optimisme qu’on pourrait enfin conseiller aux dépressifs ?

Jonathan : Le 6e album sera une fiesta incroyable (rires). Je ne sais pas, il faudra en tous cas qu’il soit juste, qu’il nous ressemble au moment où on le fera. J’espère qu’il sera joyeux, ça voudra dire qu’on ira plutôt bien ! Mais j’ai du mal à voir à plus de deux ou trois semaines donc je n’en sais encore rien.

J’ai lu que l’on disait déjà que ce 3e album s’annonçait comme le "plus beau". Qu’en pensez-vous ?

Jonathan : Je crois qu’on n’en sait rien. L’adjectif beau n’est pas très bien choisi. Moi je préfère le dernier logiquement parce qu’il a évolué avec nous. C’est super dur d’écouter sa propre musique et je le fais rarement mais quand j’écoute les précédents albums de Syd Matters, je me rends compte que ça correspond à une période qui a changé.

Cet album est important pour moi car je le trouve juste. C'est-à-dire qu’il a ses défauts, ses qualités, qu’il est fait à base de choses qui essaient d’être les plus sincères possibles. Si j’avais recomposé ici des chansons comme celles du 2e album ça aurait été mentir. Je pense que je n’ai jamais pu écrire des chansons sans être sincère.

Olivier et Rémi : Il y a une grosse évolution dans l’écriture aussi. Là dans le troisième album, sans les arrangements, les chansons tenaient déjà du début à la fin et avaient un vrai sens. Avec le second album, Jonathan ne trouvait souvent qu’en arrivant en studio ce qu’il voulait dire, ne savait pas forcément bien avant là où il voulait aller et c’est en arrangeant le morceau, en tâtonnant qu’il trouvait.

Vous êtes les compositeurs de la BO de "La Question Humaine" ? que vous a apporté cette expérience ? Etait-ce très différent de la réalisation d’un album ?

Tous les trois : On mis du temps à trouver une méthode de travail qui nous semblait juste à nous et au réalisateur, et au final l’idée a été celle d’improviser devant des images. C’était très instinctif, on avait pleins d’instruments dont on ne joue pas particulièrement avec Syd Matters.

Auriez-vous pu le faire pour n’importe quel film ou le sujet était-il important à vos yeux ?

Jonathan : Non, le réalisateur Nicolas Klhos est quelqu’un au contact de qui on réagit de manière particulière. Je suis impressionné par sa forte personnalité, sa façon de travailler parce que j’ai l’impression qu’il est apaisé, qu’il sait où il va. Les rencontres que j’ai eues avec lui ont été très importantes pour moi. Il fallait bien comprendre son film et son état d’esprit pour créer une musique qui collerait à ça. Sa philosophie, sa façon d’être, de travailler dans ce milieu c’est quelque chose qui m’a beaucoup inspiré.

Etes-vous des garçons tristes ?

Euh … non je ne crois pas. On se dit souvent qu’on est un peu névrosés. On se pose 50 000 questions, on est toujours un peu anxieux (ils font mine de se ronger les ongles), mais non, on n’est pas tristes.

Et le sens de l’humour ?

Ah ça non.( rires)

Syd Matters - Everything else
Syd Matters - It's a nickname
Syd Matters - To all of you

Les 3 titres ci dessus ont été enregistrés par Fabrice Delanoue lors d'une session acoustique, spécialement pour Froggy's Delight. Ces titres ne sont bien entendu pas libre de droits et ne peuvent être diffusés ailleurs que sur Froggy's Delight sans autorisation préalable.

 

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La chronique de l'album Ghost days de Syd Matters
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Syd Matters en concert au Splendid (dimanche 17 avril 2011)
Syd Matters en concert au Festival Paroles et Musiques #20 (édition 2011) - dimanche
Syd Matters en concert au Festival Solidays #13 (édition 2011) - samedi

En savoir plus :

Le site officiel de Syd Matters

Crédits photos : Thomy Keat (Plus de photos sur Taste of Indie)


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