Comédie de Marivaux, mise en scène de Xavier Lemaire avec Isabelle Andréani, Gaëlle Billaut-Danno, Bernard Carpentier, Julien Cigana, Xavier Clion, Christian Dubouis et Michaël Gaudeul.
Dorante et Silvia sont deux jeunes nobles en voie de se marier. Leurs pères, amis depuis longtemps, ont mis au point cette union. Si leur prétendant (e) semble tout à fait convenir aux normes, les futurs ne sont pourtant pas rassurés et projettent tous deux de se travestir en leur valet respectif pour tester leur promis(e).
Mis au courant de la double supercherie M. Orgon, père de Sylvia en avise son fils Mario, afin d’étudier et de profiter agréablement de la situation. Les deux valets transformés en maîtres parvenus enchaînent maladresses et polissonneries tandis que les deux jeunes amants ne parvenant à cacher sous leurs habits leur condition initiale, rivalisent de remarques subtiles et de traits d’esprit.
La suite n’est qu’accumulation de scènes diablement amusante soupoudrées d’une ambiguïté constante. Xavier Lemaire ne se restreint pas au classique : il plante un décor plus ou moins intemporel et fait camper à ses acteurs des personnages qui pourraient tout autant l’être ….si il n’y avait le langage marivaudien : un langage joué, mis à l’épreuve, aux sources de ce qu’on a appelé le "marivaudage".
Art de la suggestion, analyse fine de l’amour et du jeu des apparences, confusion des sentiments couplé d’un art de la farce consommé (grâce aux personnages savoureux des valets) se mêlent et donnent à cette pièce le succès qu’on lui connaît.
Si les premières minutes ne le laissent pas forcément présager et peuvent paraître un peu affectées, il faut peu de temps pour s’investir dans l’intrigue et trouver à chaque comédien un grand intérêt et instaurer avec eux une joyeuse complicité : le plaisant duo formé par M. Orgon et son fils est à ce sujet délectable.
Sans la détourner de son sens initial, Xavier Lemaire confère un certain modernisme à cette pièce riche de sens, alliant légèreté et élégance pour "qu’à l’issue de chaque représentation le spectateur s’en aille chargé d’allégresse, de sensualité et d’émotion et que, sous le masque de la comédie, le jeu cruel des apparences sociales se révèle". |