Le Jocari, vous connaissez tous sans doute.
Le principe est simple. On attache une balle de tennis à un élastique, lui-même relié à un socle, et il ne reste plus qu'à taper dans la balle comme un dingue avec une raquette en bois.
C'est drôle et ludique, c'est fatiguant, ça va vite, ça part dans tous les sens et ça peut même s'avérer dangereux. En quelques sortes, le jocari, c'est le squash avant l'heure, le squash populaire, le sable et le soleil, les enfants et les cocards aux yeux, la joie et la bonne humeur.
Jocari, le groupe ici présent, est l'antithèse de ce sport et se retrouve, dans l'esprit, aussi éloigné de ce sport que la belotte coinchée peut l'être du ski de descente.
Finalement, le seul point commun entre le sport de raquettes et le groupe du même nom, c'est le sentiment d'en sortir détendu, lessivé, serein, ne rêvant que d'un long sommeil bien au chaud sous la couette avec son doudou favori.
Lent, froid (mais chaleureux), tendu, sombre, triste voilà qui pourrait plus précisément qualifier la musique de Jocari.
Mais ce serait néanmoins insuffisant.
Car la musique de Jocari, sorte de folk folle qui s'étire sur de longues plages (seulement 7 titres sur l'album), guide aussi l'auditeur dans un monde de rêverie, de contemplation. Les nappes de guitares acoustiques accompagnent la voix, douce, dans un périple sonore presque chamanique.
Voyage sonore pendant lequel il ne faudra pas s'effrayer de quelques rencontres surprenantes, comme cette sorte de cornemuse sur "The lost waltz" ou cette ambiance particulièrement sombre, mystique, presque gothique de "Beachwood isle of Re" avec une touche mi Labradford, mi Walkabout en plus et le spectre de Bonnie prince billy jamais très loin, bienveillant.
Un disque qu'il faut prendre le temps d'apprivoiser, au risque de vouloir s'en débarrasser avant la fin de la première écoute. Prendre son temps, comme les musiciens de Jocari le font en installant doucement leur univers, se laisser aller et ne pas refuser cette invitation au voyage ... Même si l'absence de destination connue peut effrayer au départ. Sensations garanties sur ce In the healing hands of time qui marque brillamment ce début d'année.
Détail qui mérite d'être signalé, Jocari est un groupe français, auvergnat pour être précis, qui confirme après Cocoon que Murat n'est plus un cas isolé. |