Luke Temple ne désigne pas un quelconque monument érigé en l'honneur de Thomas Boulard. Ici ne se pratique pas le matraquage de tympans, ni le karaoké sur les meilleurs tubes de Noir Désir. On ne pratique d'ailleurs pas davantage le rock'n roll à gorge déployée.
Ce temple est bien plus serein, voire zen, et est tout entier dédié à la cause du songwriting décomplexé, sans être complexe, et varié ,sans tomber dans la variété avariée.
Ainsi, la pop de "Saturday people" et son refrain à plusieurs voix font penser à un Beach Boys période Brian Wilson tandis que "Serious" et son rythme nonchalant mâtiné de quelques sonorités électro, n'est pas sans rappeler Jay Jay Johanson dans un numéro de séduction dont il a le secret.
Mais plus que tout cela, cette voix toujours juste, sûre d'elle, qui ne craint pas de s'égarer dans les aigus, ne peut pas échapper bien longtemps à la comparaison avec Jeff Buckley, comme sur le très beau "People do" dont on pourrait croire les premières mesures tout droit sorties du "Live @ siné" de feu Jeff. Un "People do" au refrain court et imparable, toujours avec cette même nonchalance réservée habituellement au blues, à Ben Harper (première période) ou encore à Patrice et son reggae acoustique si sexy.
Mais les chansons de Luke Temple ont quelque chose en plus. Un grain de sable qui, à chaque instant, menace de venir perturber cette belle mécanique de composition. Solides comme un roc, les mélodies résistent, mutent et se renforcent de ces parasites finalement parfaitement intégrés comme sur "The owl song" ou "Time rolls a hill" et son electro folk improbable.
Au final, on a bien du mal à trouver une chanson plus qu'une autre à sortir du lot, non pas par manque de relief de l'ensemble, mais par une cohérence et une qualité qui font plaisir à entendre.
Notons quand même "People do" et "Conqueror" comme les deux incontournables de ce disque remarquable. |