Cette chronique ne sera pas objective une seule seconde.
D'abord parce que j'ai toujours apprécié le travail d'Anthony Reynolds connu en nos contrées par l'intermédiaire de son double groupe au coeur des années 90 nommé Jack d'une part et Jacques d'autre part. 2 groupes pour une seule tête et une seule voix, surtout. Celle de Anthony, jeune crooner romantique déjà marquée par quelques excès divers.
Mais si Jack/Jacques a connu son heure de gloire sur les labels Setanta et Labels, son noyau de fans n'a jamais réussi à suffisamment s'ouvrir pour en faire le groupe qu'il aurait pu être. Faute de ventes et d'argent, malgré le soutien de quelques Magic et autre Bernard Lenoir, les groupes disparaissent petit à petit après une dernière tentative sur le label espagnol Acuarela.
Exilé quelques années dans une ferme de la campagne anglaise, Reynolds a connu les vaches maigres, le doute et un désert artistique bien trop aride.
De projets avortés (il a notamment écrit une bio de Scott Walker, jamais publiée pour cause de décès de son éditeur) en album ultra confidentiel (sous le nom de Anthony sur le label américain Secret Crush), Anthony Reynolds avait depuis longtemps matière à faire un autre album. Les plus curieux d'entre vous ont d'ailleurs peut-être déjà écouté quelques versions plus ou moins aboutis sur le site d'Anthony dont le contenu est pour le moins ... varié.
Ces British Ballads sont donc enfin disponibles en vente libre. Quel titre pourrait être plus approprié que ce British Ballads qui réussit en 2 mots à décrire parfaitement son contenu et son auteur. Une certaine idée de l'Angleterre, loin du tumulte glamour des grandes villes, même si Reynolds a quitté sa campagne. Ici, on se sent comme chez soi, comme dans un village de l'inspecteur Barnaby, verdoyant mais dans lequel on n'est pourtant jamais à l'abri du danger.
Ces ballades très anglaises donc sont dans la continuité du travail de Reynolds, peut- il d'ailleurs faire autre chose ?
Entouré de la même équipe avec notamment Julian Simmons, Paul Cook ou encore Fiona Brice aux cordes, il pose toujours sa voix impériale avec autant de délicatesse sur des mélodies dont il a le secret.
Pas toujours aussi enthousiasmantes que des titres comme "Nico's children" pouvaient l'être à l'époque, ces British ballads un peu hors du temps renouent avec un style musical qui se fait rare, et dont finalement Anthony Reynolds reste un des derniers représentants. Cette pop entre le easy listening à violons et le sublime de Scott Walker (il n'y a pas de hasard).
La voix de crooner légèrement dandy décadent et romantique est toujours présente, les cordes délicates, parfois un rien miéleuses, aussi. On se sent bien dans ces Ballads, en terrain connu que nous n'avions plus fréquentées depuis longtemps, bercés par la mélodie et la mélancolie que dégage chaque titre.
Quelques collaborations viennent également ponctuer ces ballades, comme Dot Allison sur "I know you know" ou encore Vashti Bunyan ou Simon Raymonde. On retrouve également Colin Wilson, une autre des idoles de Anthony qui vient poser sa voix sur le mystérieux "The Hill", réservé à un public anglophile.
British ballads signe de belle façon le vrai retour de Reynolds, et ravira les fans à coup sûr et devrait donner envie aux autres de redécouvrir son travail précédent. Au moins 2 bonnes raisons de vous procurer cet album. Challenge supplémentaire, tentez de retrouver le très amusant Neu York de anthony et son tubesque "'Lush life". |