Jonathan Benisty sort un premier album Abdominal en septembre 2007.
Abdominal, le titre nous arrête un instant, autant pour sa proximité avec l’adjectif "abominable" .
Par ailleurs c’est aussi le pseudo d’un hip-hopeux canadien qui sort ces jours–ci un album intitulé Escape from the pigeon hole.
Jonathan Benisty est pour sa part, parisien et chante en français la quasi-totalité de l’album : une chanson est en anglais : "My fault" .
Abdominal ? Après des collaborations diverses avec Rachaça, Demago, Les fatals Picards, Jésus Volt, c’est à son tour de livrer ce qu’il a dans le ventre en osant un projet solo et dépouillé. Et l’univers de Jonathan Benisty semble en effet loin de celui un brin potache des Fatals Picards, qui s’emparent des clichés ou des normes générationnelles pour écrire des chansons qui parlent de l’air du temps.
L’album de Benisty est au contraire fondé sur un travail d’introspection, où l’auteur semble faire face à ses démons intérieurs. Il rejoint alors les questions universelles sur le langage, le bonheur, les regrets, l’acceptation de soi.
Sur le fil de ses émotions, il avance fragile, et cependant bien planté sur ses pieds pour balancer une musique puissante et vibrante. La voix se fait instrument pour dialoguer avec les autres et en particulier le violoncelle hypnotique de Thècle, musicienne francilienne qu’on entend avec les Joyeux Urbains, Oldelaf et Monsieur D …Elle semble se régaler dans cette virée schizophrénique. Le violoncelle encore assez rare dans les formations rocks apporte pourtant tantôt l’angoisse exacerbée tantôt la plénitude souple. Et question abdomen, il en bat pas mal à pleine couture.
En plus de l’excellente idée d’être accompagné par Thècle, Jonathan Benisty a choisi un producteur Steve Prestage qui a servi avec finesse le projet de l’artiste : être dans une lumière crue , blanche.
Expérimental et gonflé, le disque de Jonathan Benisty va vous "estomaquer". |