Le folk est une valeur sûre et le songwritting eternel.
Alors que la mode change aussi vite que le temps qu’il faut pour le dire, il est bon de se poser parfois et de s’attacher à l’indémodable. Ainsi avec Help wanted nights, Tim Kasher tête pensante de The Good Life conte des histoires de vies habituelles au milieu de nulle part, c'est-à-dire transposables n’importe où.
Projet parallèle, voire secondaire, de Tim Kasher, leader du groupe emo-punk Cursive, The Good Life est devenu peu à peu une entité à part entière. Quatrième album, Help Wanted Nights part d’une idée de film que Kasher a commencé à écrire en 2006. Eloigné du style de son groupe d’origine, Le chanteur-guitariste retrouve un style indie-Folk et s’entoure de Roger Lewis à la batterie, Ryan Fox aux Guitares et claviers et Stefanie Drootin à la basse.
Conçue comme la bande son d’un film, la pochette représente une planche de story board. Le pitch étant qu’un type se retrouve dans un bar (celui de la pochette) au milieu d’un bled insignifiant du fin fond de l’Amérique middleclass et sympathise avec les gars du coin. Des chroniques de la vie ordinaire et honnête un peu à la manière d’un Springsteen qui examine la nature humaine. A partir de là, d’observateur il devient acteur et narrateur, prend possession des vies et raconte des bouts d’histoires. Pas toujours très gaies d’ailleurs.
Le folk est donc de retour. La guitare acoustique au premier plan se laisse cependant entourer par guitare électrique ou claviers de toutes sortes. La voix sensible de Tim Kasher est souvent à la limite de la cassure et donne un côté touchant.
L’album s’ouvre sur "On the Picket Fence", jolie ballade mélancolique puis s’oriente davantage vers l’indie avec le sentimental "A little Bit More". "Heartbrokes" , poursuit dans la même veine et décrit de manière quelque peu sarcastique la rupture, en moins de deux minutes tandis que "Your Share of men" commence comme une complainte folk avant de voir venir un gimmick bien senti qui élève et transforme la suite.
La simplicité est de mise et le jeu de batterie de Roger Lewis se fait délicat, caressant les peaux avec des balais, inventif ou plus percutant tandis que la deuxième guitare trouve toujours les petites notes qui donneront une couleur décalée à l’ensemble.
Un petit voyage dans l’Amérique folkeuse mais pas seulement. Bande son d’un périple qui va du Nebraska à la côte ouest, on croise une pop presque légère ("Keele Aimee") ou l’apesanteur dans la musique à l’image de "Playing Dumb".
Les premiers deux tiers de l’album sont très bons puis la sauce retombe un peu avant de finir sur le vallonné "Rest your Head" qui clôt l’album en près de dix minutes, dans un déluge sonore parfois un peu carnavalesque.
Voyage immobile, on traverse les routes poussiéreuses dans un vieux tacot retapé, laissant derrière nous une grande trainée de poussière et de gaz d’échappements malodorants. Des histoires d’amours déchus, des existences sans forcément grand intérêt ... la vie quoi !
Cependant pas de folie, ni d’inventivité débridée. On reste dans un cadre très convenu, et Tim Kasher ne s’aventure pas dans des contrées inconnues. Mais de la sincérité et une certaine tendresse dans le regard posé sur ses vies banales, le tout porté par des textes dans une veine littéraire et de l’indie-folk de bon aloie.
Des chansons qui n’ont l’air de rien, mais qui trouvent directement leur chemin à travers notre conduit auditif vers notre cerveau producteur d’endorphine.
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