L’âge d’or, drôle de titre pour un groupe qui n’en a jamais vraiment eu… Au début des années 90, American Music Club loupé le coche de peu.
On promettait un avenir radieux au groupe suite à la parution de l’excellent Everclear. Son successeur, Mercury (1993) aurait dû consacrer le groupe de Mark Eitzel, véritable taulier de ce que les encyclopédies du rock ont nommé l’Americana, sorte de Country nouvelle vague avec crédibilité indé en prime…
Mais malheureusement et malgré les critiques élogieuses de la presse spécialisée, Mercury est passé complètement inaperçu, enfin surtout aux oreilles des programmateurs de College radio et pour les programmateurs de MTV : pas assez grunge pour l’époque…
Dégoûté, Eitzel saborde le navire American Music Club et passe une dizaine d’années à filer un sacré mauvais coton, nourrissant une haine profonde et un amour immodéré pour les boissons alcoolisées…
Malgré une carrière solo marquée par l’extraordinaire Caught In A Trap And I Can’t Back Out Cause I Love You Baby et son casting de luxe : Steve Shelley de Sonic Youth et James Mc New de Yo LA Tengo, rien n’y fera. Eitzel cultivera une image d’éternel artiste maudit et incompris …
Le seul crédit qu’on lui accordera, sera d’être à l’origine du mouvement slowcore ou sadcore, sorte d’amicale des déprimés de la six cordes qui compte en son sein les rigolos Red House Painters, les joyeux trublions de Low…
En 2004, Love Songs For Patriots a marqué le retour d’American Music Club. On avait alors pu remarquer qu’Eitzel n’avait rien perdu de son fiel légendaire, fustigeant allègrement la nation américaine dans son ensemble…
4 ans après, The Golden Age baigne dans une torpeur automnale et cotonneuse… Eitzel semble obsédé par le temps qui passe et l’issue fatale qui est notre mort à tous. Eitzel cultive la veine misérabiliste qui lui a toujours collé aux baskets, non sans donner parfois dans une certaine mièvrerie. Dans "The Sleeping Beauty", il commence par "Alors que je quitte la ville sur la route recouverte de feuilles mortes, je te vois dans mon rétroviseur…".
The Golden Age n’ouvre pas vraiment de nouvelles perspectives musicales pour American Music Club. L’album reste plaisant dans son ensemble, sans plus. Rien à voir avec la fulgurance et l’urgence de certains morceaux d’Everclear et de Mercury…
Les ambiances boisées et feutrées prédominent… Les rares orages électriques ne sont pas sans rappeler les feedbacks tournoyants de Jeff Martin D’idaho ("The Stars").
L’écoute de The Golden Age n’est pas sans évoquer le sentiment que l’on éprouve après avoir revu une ex petite amie… On est content de la voir, on se remémore les bons moments, mais au final, cela fait un bon bout de temps que l’on est passé à autre chose… Au plaisir les gars…
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