Depuis quelques temps déjà, la scène musicale française se voit petit à petit envahie (le mot est un peu fort et pas du tout péjoratif, je préfère le préciser à l'égard des plus susceptibles d'entre eux) de groupes à tendance folkisante.
Qui de sa folk pop (Syd Matters en tête), qui de son folk dépouillé un rien fashion (Hey hey my my) ainsi que des Herman Dune aux multiples influences anglo américaines, il y en a pour tous les goûts.
Bref, c'est la fête au folk en ce moment, à peu près autant que le retour du rock garage au Gibus il fut un temps.De la musique bio en somme, pour biobio en mal de fruits frais, de brunch ou du dernier gadget pour un sommeil plus sain chez "nature aidée couverte".
Pas si sûr pourtant, la folk, ce n'est pas que la petit maison dans la prairie, les robes à franges et les chemises à carreaux. C'est aussi des mélodies, de la sensibilité et de la douceur, des mots qui touchent et de la musique qui émeut.
En gros, la folk en France, c'est aussi H-Burns et autant le dire tout de suite, les Burns ne comptent pas pour des prunes (!). Encore un groupe au nom totalement abstrait qui évoque a priori un bon groupe de hip hop élevé à coup de gaz d'échappement dans un bronx quelconque et qui s'avère être une des excellentes surprises pop folk françaises, et même une surprise tout court avec ce How strange it is to be anything at all presque parfait.
Sur "Big cities blues" qui entame l'album, on sent au travers de la voix que la compagnie de H-Burns va nous être agréable. La voix justement, impériale et fragile comme on aime. Derrière, les guitares et la batterie nous transportent du côté de l'Amérique de Swell ("Blame it on the distance").
Dès le troisième titre, on trouve LA chanson, celle qui va passer en boucle, que l'on va faire écouter à ses amis pour leur faire découvrir le groupe. La chanson de la pluie qui tombe, celle que vous chanterez pour vous-même en toute circonstance, c'est "Horses with no medals", impeccable.
De "Daylight vs you", lancinant et forcément un peu mélancolique,jusqu'aux guitares aériennes de "Thoughts of morella", tout est impeccablement en place, chaleureux et sensuel.
Sans jeu de jambes, avec cette voix touchante quelque part entre Will Oldham et Syd Matters (qui d'ailleurs a produit ce disque et renforce occasionnelement le groupe, il n'y a pas de hasard), How strange it is to be anything at all réussit à nous tenir en haleine du début à la fin. Cet album sait se faire aimer immédiatement et sera, parions-le, un de ceux qui ressortiront souvent de nos étagères, longtemps après qu'ils ne soient plus à la mode.
Cerise sur le gâteau, le très classe "How strange it is to be anything at all" qui donne son titre au disque à l'univers très Calexico, sexy en diable. |