Comédie de Pierre Notte, mise en scène de Patrice Kerbrat, avec Caltherine Salviat et Christine Murillo.
Coup double en ce début d’année 2008 pour Pierre Notte qui est à l’affiche du Théâtre des Déchargeurs avec "Se mordre" et au Théâtre Pépinière-Opéra avec "2 petites dames vers le Nord".
Deux pièces qui mettent en scène, et aux prises, deux femmes dans le huis clos d’une sororité aliénante. Dans "2 petites dames vers le Nord", le rituel de cruauté est toujours présent mais les sœurs ont vieilli. Elles sont devenues deux petites dames qui se retrouvent seules au monde après la mort de leur mère, une mort qui agit comme une délivrance. Une délivrance de l’enfance et une envie de mordre, toujours, mais de mordre la vie.
Alors, elles entament un voyage dans les brumes de la région amienoise pour faire le deuil de la mère encombrante, désormais réduite en cendres et transportée dans une boîte à gâteaux, et retrouver la tombe oubliée d’un père sur lequel ne repose pas qu’une pierre tombale. L’abandon et le silence pèsent plus lourd.
Partir pour boucler la boucle en quelque sorte. Mais d’une manière ni pieuse ni mortifère. Désespérées peut être mais plutôt rock’n roll. Car ces 2 petites dames qui roulent vers le Nord sont complètement à l’Ouest. Déclinaisons de Thelma et Louise sur le retour, le pèlerinage dans les cimetières de ce couple infernal revêt le caractère d’un road movie totalement déjanté émaillé d’épisodes haine-amour. Un car remplace la thunderbird décapotable verte mais le Pas-de-Calais n’est pas l’Arizona. Et puis elles s’appellent Annette et Bernadette. Jamais d’accord mais toujours ensembles. Différentes certes, mais indéfectiblement liées. A la vie, à la mort.
Dans un décor qui exclut tout réalisme, deux merveilleuses comédiennes, Catherine Salviat et Christine Murillo, dirigées par Patrice Kerbrat, portent les personnages à leur incandescence avec une grande intelligence du texte dont elles extirpent tout l’informulé. Un texte concis et plein d’humour, un humour parfois noir, qui explore l’intime par la voie du quotidien ordinaire et trace le portrait de petites dames étonnamment juvéniles dans leur folie, leur rage et leur inquiétante humanité. |