Magique. Planante. Bienvenue dans la 4ème dimension made in Keren Ann. J’avais en souvenir quelques chroniques lues ici et là sur la demoiselle en live. Je m’étais alors demandée si ces chroniqueurs n’avaient pas trop forcé sur les superlatifs, tant ce concert semblait fabuleux. Mais j’ai été séduite à mon tour…
Ce concert avait lieu à La Vapeur, salle de concert à Dijon, 800 places, qui comporte également un club de 250 places. A ma grande surprise, la soirée s’est déroulée dans ce dernier. Mais le choix était tout à fait judicieux… Après une première partie assurée, si l’on peut dire ainsi, par un groupe local dont je tairai le nom tellement leur prestation m’a laissée un goût de vide, une sensation d’inachevé, le public attend dans un calme qui laisse déjà présager de la suite des évènements.
La belle fait son entrée, jean et chemisette noire, accompagnée de ses musiciens pour la soirée, aux claviers et à la batterie. Premiers accord, premières paroles, le charme ne tarde pas à opérer. Une voix douce, chaude et enveloppante, posée sur des arrangements délicats et subtils, tout en finesse. Keren Ann aux commandes, décollage immédiat. En planeur s’il vous plaît.
"Sailor & Widow" retient mon attention par son dynamisme pop, ainsi que le suivant, "Que n’ai-je ?", dans la langue de Molière, sur des airs entêtants de bossa nova. Section française que Keren n’a pas hésité à introduire par quelques félicitations, sur la région bourguignonne et sa culture gastronomique, viticole pour être exacte... Le voyage en lévitation se poursuit avec "Chelsea Burns", puis l’excellent "Not going anywhere", où la chanteuse me tient en haleine simplement par ses 6 cordes aux accents folk et sa voix fragile, dans un souffle, un chuchotement, un murmure. Bercée par le délicat "End of May", je glisse vers "Jardin d’hiver" (écrite avec Henri Salvador) pour lequel j’ai un véritable coup de cœur. Sur des airs de bossa nova une nouvelle fois (décidément ce genre musical me plaît !).
Arrive enfin le somptueux "Lay Your Head Down" du dernier album, folk-rock délicieusement aérien, suivi par la reprise de "Big Yellow Taxi". La façon qu’elle a d’interpréter "Don't it always seem to go / That you don't know what you've got 'til it's gone ?", son attitude, le son de sa guitare. Cette artiste est résolument rock ! Mention spéciale pour le pianiste, complètement immergé, imprégné, jouant à plusieurs reprises les yeux fermés, ressentant chaque instant au plus profond de lui. Quelques titres de plus, et l’atterrissage se fait tout en douceur, dans le noir, par le chant a capella de "Manhã de carnaval" de Luiz Bonfá et Tom Jobim (trouvé d’après quelques recherches).
La petite salle du club, intime, chaleureuse (un peu trop d’ailleurs, nous avons frôlé le partage de sauna pour citer Keren) était le lieu idéal pour un concert tout en douceur et en rondeur, chaleureux et voluptueux, qui me laissera le souvenir impérissable d’un moment tout simplement féerique.
Je suis allée acheter l’album illico, envie irrépressible de prolonger le rêve. |