Commençons par la soirée au Phénix, qui débute par le concert des Moriarty. La "famille" Moriarty comme ils se désignent eux-mêmes, ont hélas subi les conséquences d’une salle un peu trop grande pour eux… Leur folk doux était justement trop doux et intimiste pour ce grand chapiteau qu’est le Phénix. Le son était trop faible pour parvenir à captiver toute la salle…
Mais ce qu’on a pu capter d’eux, comme l’excellent "Jimmy" ou encore une reprise de Depeche Mode était vraiment agréable. L’ambiance qu’ils ont su installer avait des accents de Far West… Rosemary, la chanteuse, a tenu à préciser que quelques années auparavant, ils étaient déjà à Bourges, mais dans les allées du Printemps, au sein du festival off, et qu’il ne fallait pas hésiter à aller voir ces groupes qui débutent. D’ailleurs, en sortant du Phénix, ils sont allés faire un tour sur une la scène Pression Live, où ils joué quelques morceaux, juste pour le plaisir : le leur et le nôtre !
La Franco-Israélienne Yael Naim est la prochaine à affronter la foule. Elle passe vraiment du coq à l’âne, puisque la veille, elle a donné un concert au minuscule théâtre Saint Bonnet. Mais on peut dire qu’elle s’y accommode très bien, elle emmène le public dans ses ballades tantôt soul, tantôt pop. Son tube "New Soul" a fait un carton, avec les spectateurs qui faisaient office de choristes, pendant une bonne dizaine de minutes. Sa reprise au piano, de "Toxic" de Britney Spears était plutôt originale. Bref la frêle Yael a mis le Phénix dans sa poche !
Puis arrive l’heure de Dutronc, le fils ; Thomas, qui fut une bonne surprise. Son incroyable prestance sur scène fait partie intégrante de son succès. Il joue un jazz manouche élégant, entouré de talentueux musiciens. De "J’aime plus Paris" aux Triplettes de Belleville, en passant par "L’été indien" de Joe Dassin revu et corrigé, Thomas Dutronc a fait danser le public, au rythme de sons tziganes.
Un concert de Cali, on sait que c’est toujours quelque chose d’unique, une expérience à part qui donne l’impression d’un grand frisson à l’unisson. Ce Catalan au dynamisme débordant qu’on lui connait est toujours en osmose avec son public, lui seul sait comment faire déborder l’énergie latente qui sommeille en chacun des spectateurs. Ce concert avait un ton résolument militant, voire même révolutionnaire, avec pour débuter des images de Mai 68 et un hymne à la liberté tiré de son dernier album. Il donne sans compter et ne résiste pas à aller à la rencontre de son public, jusque dans les tribunes. On a vraiment eu l’impression que "l’odeur délicieuse de la liberté" flottait ce soir sous le chapiteau.
Petit passage par la soirée rock du 22, véritable repère de nouveaux sons, où jouaient ce soir entre autres Phoebe Killdeer and the Short Straws et Fujiya et Miyagi. Phoebe Killdeer a une personnalité débordante, et son spectacle est comme une succession de petites saynètes. Elle a débuté le concert assez calmement, dans le noir, puisqu’au départ, les Shades jouaient encore de l’autre côté et que le public n’était pas encore là. Ensuite vient le tube "Paranoia" puis le concert dérive très vite vers des accents beaucoup plus énergiques. Ce show résolument rock est mené à la perfection, et était des plus savoureux pour nos oreilles…
La nouveauté du concert de Fujiya et Miyagi ce soir est l’ajout d’un batteur sur scène, qui donne encore plus de substance à leurs morceaux, composés de couches successives de rythmes répétitifs, qui font inévitablement danser les gens. On pourrait penser que le mélange de la batterie, des guitares, des lignes de clavier et de la voix susurrée du chanteur pourrait ne pas faire mouche et pourtant, la sauce prend tout de suite. Ce qu’ils veulent mettre en avant, c’est leur musique, qu’ils projettent comme un mur-écran derrière lequel se réfugie la timidité du groupe. Le spectacle monte crescendo jusqu’à nous hypnotiser totalement, et on en redemande ! |