Ah! ce Ryan Adams … quelle nébuleuse énigme
… au point qu’il semble impossible de se prononcer de manière
exacte et définitive sur celui qu’on a à tort (et surtout
précipitamment) présenté comme l’enfant terrible
du rock.
Tout d’abord, ses disques : excellentissimes dans les années 90
avec son groupe Whiskeytown, des premiers solos à peine
moins bien "Heartbreaker" , "Gold" et
puis une certaine baisse de régime, il est vrai, accentuée par
l’intarissable flot de ses réalisations. Dans les années
70, Stevie Wonder produisait du matériel pour trois albums par
an, mais seule la crème servait à alimenter ses chef-d’œuvres.
Ryan, lui ne sélectionne rien, ou peu, et sort en masse comme en témoignent
ses dernières livraisons automnales ("Rock’n Roll"
et "Love Is Hell" ).
Ses prestations scéniques ensuite, le souvenir d’un Trabendo en
février 2001, plus de trois heures de concert où le sublime (titres
acoustiques en solo) avait côtoyé le calamiteux (infâme rock
FM directement hérité de la fin des seventies).
Insaisissable ce garçon semble l’être, pourtant une occasion
d’enfin éclaircir le mystère se présente, en cette
fin novembre, pour une prestation à hauts risques à l’Elysée
Montmartre. Inquiétudes confirmées à la vue de la configuration
de la salle (grands rideaux disposés de chaque côté histoire
d’en réduire la taille) et faible affluence (le Bataclan l’an
passé a semble-t-il laissé des traces) mais qu’importe,
le but est de la soirée est ailleurs, il convient donc de ne pas s’attacher
à ces éléments extérieurs.
Malheureusement dès le début, le show peine à décoller,
les morceaux rock carrés sans grand intérêt succèdent
aux morceaux rock carrés sans grand intérêt, guitares crades
complètement surfaites, le cœur n’y est pas, ni pour lui,
ni pour nous. Au bout d’une heure, il semble inutile de poursuivre plus
en avant, le show ne présentant guère plus d’intérêt
qu’un groupe local du fond de l’Ecosse …
Tout ceci est bien triste car plus le temps passe, plus la lettre ‘B’
semble se dessiner devant le prénom de notre homme, pour qui la facilité
deviendrait presque la marque de fabrique : il est bien fini le temps où
les fans espérant assister à un set de Bryan se voient désigner
la porte par Ryan … encore un de moins sur la liste de ceux avec qui il
faudra compter.
Et pourtant le talent ne lui fait pas défaut, dire qu’il lui suffirait
seulement de mûrir ou de structurer un peu plus son travail en se débarrassant
de ses quelques mauvais penchants pour redevenir l’artiste passionnant
qu’il a jadis été. |